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Les Mots de Pati
18 mars 2005

si seulement...

...ah si seulement...

j'ai en horreur ce début de phrase! quel est donc cette espèce de réflexe qui nous fait systématiquement regretter de ne pas avoir fait ci, avoir dit ça..... que c'est énervant! et c'est stérile, en plus, ça ne mène à rien, jamais...

entendu hier, par un radiologue... "ah, si seulement certains pontes du bistouri avaient reconnu plus tôt leurs égarements chirurgicaux....."
mouais.. merci bien, mossieur le preneur de clichés, mais ça, je le sais depuis longtemps et mieux que vous !
c'est moi qui vit avec le résultat de cette conduite, pas vous...

eh oui, j'ai encore une fois étonné le parterre médical, avec mes genoux de vieille femme pour un corps moins vieux qu'on ne pourrait le croire, à voir mes jambes...

alors devrais-je m'y mettre moi aussi? "ah si seulement j'avais de bonnes jambes..." non! non, non, non, et non!!
je ne le pense même pas... ce défaut de conception mal réparé... eh bien, il m'identifie autant que le reste de ma petite personne... je m'y suis attachée, ma foi. c'est un peu comme une signature... c'est à moa, ces genoux-là.... et même s'ils m'empèchent d'accomplir pleins de choses tout à fait passionnantes, comme aller suer sur un parcours de footing, ou se geler à descendre une piste de ski dans un ordre incertain....voire marcher, comme tout le monde, de temps à autre.... ils m'ont autant appris sur moi qu'une bonne dizaine d'année de thérapie
apprendre à regarder les gens dans les yeux, , quand ils s'apitoient un peu trop sur votre sort... apprendre à vivre pour d'autres valeurs que celles du dictât à la mode, le "faites du sport", même si c'est à n'importe quel prix, au moins, vous aurez bonne mine! le "soyez belle et impeccable", juste parce que vous devez plaire, là encore à n'importe quel prix...

toute jeune, j'ai passé plus de temps dans les hôpitaux qu'ailleurs... ça forge une autre vision du monde et des gens... là, pas vraiment de beauté physique, hein... rien que des éclopés de la vie, des balafrés, des cassés tout platrés, des défigurés, des en sursis, des presque guéris....
mais dans leurs coeurs... quelle beauté! dans leurs âmes, quelle lumière !

non, mes cicatrices ne m'empêchent pas de vivre, oui, on s'habitue à avoir mal... oui, on vit avec, et pas si mal ma foi, la plupart du temps... mais surtout, oui! on sait le prix de la vie! on connaît l'effort qu'il faut faire, pour simplement marcher droit. on connaît le prix de chaque pas, de chaque souffle... on a pas besoin qu'on nous explique à quel point la vie est précieuse, et qu'il faut la goûter pleinement, avant qu'arrive la fin du voyage...

vu dans la ville, sur un mur d'hôpital :
" l'amour n'est pas une destination. c'est un voyage. quand à la vie, c'est la route qu'on emprunte, pour le faire, ce voyage..."

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