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Les Mots de Pati
24 avril 2007

moment rare...

il y a des moments, dans la vie, qui ont plus de saveur que d'autres. leur couleur est plus vive, leur goût plus prononcé. ils laissent sur nous une empreinte compacte, intense, vraie. ces instants-là sont rares. et c'est tant mieux pour notre petit coeur !

j'en ai vécu un, la semaine dernière. un de ces instants où le temps est en suspens. où l'on sent d'instinct que les mots qui vont se prononcer vont être importants. pour celui qui les prononce autant que pour celui qui les entend.
un instant de vérité.

il s'agissait d'une confession. d'une importante confession. confession d'un secret vieux de quatre longues années. nous nous étions installées dans mon jardin, les épaules chauffées par un soleil généreux. un café frais distillait son arôme à mes sens en éveil.
je connais bien celle qui se confessait. et j'ai su rapidement que ce moment allait être difficile pour elle. alors, sans me douter un instant de ce qu'elle allait me dire, j'ai essayé d'être la plus attentive possible, et la plus neutre également, dans mon attitude.
au nombre de circonvolutions, de tours et détours que ses mots ont emprunté, j'ai compris l'ampleur de ce qu'elle entreprenait sous mes yeux.
je voyais sa peur, la ressentais sans vraiment la comprendre.
enfin si, je la comprenais. intellectuellement.
quand on révèle un secret à quelqu'un, secret tu depuis si longtemps, je comprend qu'on puisse avoir peur que ce secret modifie les rapports, modifie le regard. on peut craindre de la colère, un sentiment de tromperie, que sais-je...

au bout d'un long moment, la chose fut enfin dite. des larmes ont accompagné cet aveu. larmes de peur, mais surtout de soulagement de ne plus porter ce poids immense seule, enfin je pense. et puis surtout, on y était. l'instant était là, à portée de mot.
vous savez, de ces instants où tout se joue sur la première réaction. clair qu'il faut pas la rater, celle-là !

jusqu'ici, la pression était sur celle qui parle. d'un coup, elle a changé de coté. s'est retrouvée sur les épaules de celle qui entend. moi, en l'occurence :)
en un instant, j'ai ressenti dans mon corps toute l'attente qui se trouvait emprisonnée derrière les sanglots de celle qui me faisait face. bien sûr j'étais surprise de son aveu. du contenu de cet aveu. mais surtout de la durée écoulée. 4 ans. 4 longues années à porter le poids de choses non-dites, cachées, c'est tellement énorme! d'un coup, je comprenais bien des choses et en même temps je sentais qu'il me fallait choisir avec soin ma première réaction.

alors j'ai fait ce que je fais quand je ne fais pas confiance à ma bouche, quand je ne suis pas sûre de trouver les mots qu'il faut.
j'ai pas parlé, j'ai touché.
je l'ai prise dans mes bras, et ai attendu que les sanglots se lassent, que la pression s'éloigne, en ponctuant le temps de "chhht, tout va bien, ça va aller, chhhhht", comme on serine une litote pour calmer un gros chagrin de gosse. parce que finalement, c'était un peu ça.
petit à petit, je me rendais compte que ce qui l'avait terrorisé était que cette confession m'éloigne d'elle. que je me sente flouée, vexée, chagrinée, en colère, je ne sais pas exactement. bref, que je ne l'aime plus.

c'est difficile d'expliquer à quelqu'un que c'est très exactement l'inverse, qui se produit. que la confession, au lieu d'éloigner, rapproche incroyablement. parce que je sais le prix de ce genre de mots. parce que je comprenais l'incroyable effort qu'elle venait de fournir. qu'elle l'avait fait pour elle, bien sûr, pour que plus rien ne vienne entacher sa relation avec moi, mais qu'elle l'avait aussi faite pour moi. parce qu'elle estimait me devoir cette vérité-là. et que ça, c'est un inestimable cadeau.
difficile et simple, en même temps. plus simple qu'il n'y parait, de prime abord.

ensuite, il suffit de rassurer. de montrer plutôt que dire que le sentiment qu'on éprouve pour la personne qui vous fait face a changé, oui. mais pas comme elle le craignait. qu'il a évolué vers le bien. parce que c'est vrai que je l'ai trouvé courageuse, extrèmement courageuse, dans cet aveu. parce que ça m'a émue de voir à quel point elle a eu peur de voir mon estime pour elle disparaitre alors que c'est l'inverse qui s'est produit. elle s'est retrouvée consolidée, renforcée par les mots prononcés.

et puis, j'étais tellement fière d'elle. fière de la voir s'assumer à ce point. au point de me perdre.
j'étais partagée entre la stupeur de lui trouver cette force (de tout me taire pendant 4 ans), ce courage (de tout me dire là, à ce moment précis de sa vie), et cette trouille de me perdre, de me voir la juger.

je pense avoir su la convaincre que cet aveu n'allait rien casser. qu'au contraire, il avait resseré les liens qui nous unissent.
mais surtout, j'espère qu'elle a compris à quel point j'ai été émue. du don qu'elle m'a fait.

parce que c'est pas tous les jours que quelqu'un dépose tout un pan de sa vie dans le creux de vos mains.

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Commentaires
C
MDR, c'est marrant mais ma faute m'est revenue 2 jours plus tard, me suis exclamé d'un "Et m***". <br /> <br /> Sans doute ma trop grande part de féminité qui prend le dessus ^-^
P
Cricri est fièrE ?? allons bon ! on en apprend tous les jours ;)))<br /> <br /> gros bisous, mon cricri ! :)
N
Merci Cricri
C
Fière de vous, les filles, et de vous connaitre :)
P
charlotte > il est vrai que l'un de mes nombreux prénoms, c'est tombe ;)<br /> <br /> nan' > moi aussi je t'aime :)<br /> <br /> maryvonne > bienvenue en ces lieux totu d'abord :) <br /> et oui, je pense en effet qu'on a pas mal de chance, finalement, nan' et moi :)<br /> <br /> forestine > je sais pas si c'est une bonne idée :) disons que c'est la réaction que j'ai quand les mots me manquent. ce qui n'arrive pas si souvent que ça ;)))<br /> un nouveau billet ? vais aller te lire de ce pas :)
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