reflexions du soir...
écrit ce soir... sur le marathon :
Je ne blogue pas depuis très longtemps, en regard de quelques autres. Et je m'interroge.
Un peu partout, il est question d'intime. Comment dire l'intime, tout en préservant le sien ?
Et je me rend compte que je n'ai pas du tout ces interrogations en moi.
Alors c'est quoi, qui force ma réflexion, ce soir ? Ces endroits que j'aime et qui ferment, parce que d'un coup dépourvu de cette bulle que l'on souhaite autour de nos mots ? Ces secrets si longtemps enfouis qui surgissent d'un coup à grand coup de peurs, d'introspection et de "est-ce que je n'ai pas tort de tout déballer" ? Ou bien est-ce de voir tant et tant de gens qui écrivent dans l'intime qui se questionnent sur le sens de leur démarche, et que cela ne trouve aucun écho en moi ?
J'ai beau essayé de comprendre, je n'y arrive pas. Je ne comprend pas pourquoi certains tiennent à compartimenter leur écriture, offrant ça et là autant de facettes d'eux-même qu'à la fin on s'y perd. Je ne comprend pas pourquoi on dit des choses si on ne veut pas qu'elles se sachent.
Non, je ne comprend pas. Ou plutôt je ne le conçois pas. Le comprendre, à la rigueur, je pourrais y parvenir. Mais je crois que je bute sur cette idée. Par peur de la faire mienne ? Ou bien parce qu'elle m'interroge sur son absence chez moi ?
Moi qui ai pris la facheuse habitude de ne pas penser comme tout le monde, voilà que ça m'ennuie ?
Non. Ça ne m'ennuie pas. Ça m'interpelle. C'est pas pareil...
A y bien réflechir, ce qui me trouble est que là, je ne maitrise pas. Là, ça ne me ressemble pas. Peut-être alors que mon trouble vient de là. De voir une si incroyable différence, là où je ne pensais pas en trouver une si marquée.
J'ai ouvert un blog privé, il y a quelques temps. Un blog ouvert à une poignée d'initiés. Il y a trois entrées dessus. Sûrement parmi les pires que j'ai jamais pondu. Pourquoi ? Parce que à y bien réflêchir, je ne voyais pas ce qu'elles faisaient là. Il n'y avait rien à cacher, ni à taire à certains, finalement. Rien me m'aurait empéchée de les poser sur mon blog public. Et depuis, il est vide. J'ai beau chercher, rien à mettre dedans que je ne pourrais écrire ici, ou ailleurs. Rien qui ne puisse être lu par tous. A mon sens, du moins.
Quand j'écris, c'est comme quand je parle. Si je sors les mots de mon cerveau, de mon coeur ou de mes tripes, que ce soit oral ou écrit, c'est qu'ils ont besoin de sortir. Et s'ils ont ce besoin, c'est en réaction à quelquechose de précis. Et ce quelque chose a trait à quelqu'un. Qui peut n'être que moi, de toute évidence.
Ou pas.
Les expulser les rend ... moins nocifs. Moins lourds. Pour moi. Mais pour les autres aussi. Peut-être parce que je dis aussi les choses aux gens concernés. Oralement, regard dans regard, corps face à corps.
Serait-ce là la grande différence, alors, entre ceux qui compartimentent et moi ? Un manque de communication réelle ?
Si je prend l'exemple de mon conjoint (parce qu'on retrouve souvent l'interrogation du conjoint qui ne partage pas ce monde du Net avec nous), et que j'aie des choses à lui reprocher, cette possibilité que j'ai de dire ouvertement les choses - et les lui faire lire - viendrait-elle du fait que ces choses-là lui ont été dites, AVANT ? (ou pendant, ou après, notez...) Que les écrire là, sur mon espace internet, que ce soit un blog, un site, un forum, ne soit que la continuité d'une réflexion chez moi, pas un aveu solitaire ?
Et que les mots écrits soient alors source de communication, entre lui et moi ? Comme une base de réflexion ? Comme l'état quasi instantané de mon ressenti ?
Y aurait-il alors chez les autres tellement de place prise par le non-dit ? par l'involontairement caché ?
Si c'est le cas, alors c'est qu'ils souffrent infiniment. Car c'est tellement difficle de garder pour soi des mots qui sont si lourds de sens...
Ici même, pas mal d'entre vous ont été surpris de ce qui est sorti de leur clavier, durant leur marathon. Sont allés au-delà de ce qu'ils se pensaient prêts à dire. Et ont du coup besoin de souffler, de se poser, un peu. Parce que ce qui suit leurs mots, et qu'ils ressentent, ce serait alors un malaise à en avoir trop dit ? Mais par rapport à quoi ? Ou à qui ?
Et on retombe alors dans une autre grande interrogation de blogueurs de l'intime : pour qui (et pourquoi!) écrit-on ? Pour nous ? Pour les autres ? Pour exister (mais aux yeux de qui?), pour être lus ? Mais alors, si l'on veut être lus, il faut bien accepter l'idée de l'être, non ?
Vous voyez, j'en ai du mal, à comprendre tout ça
Mais par contre, une chose est sûre. Même si je ne le comprend-conçois pas, je l'accepte. Parce que les mots, même sortis de nous, sont nôtres. Et qu'il appartient à chacun d'accepter l'autre.
Surtout dans ses différences.