Transhumance
Avant-dernier texte pondu durant le marathon
Transhumance.
Ce matin, un âne a frappé à ma porte.
Il avait sur son dos ma vie en bagage,
Bien rangée au fond des sacoches de cuir
Qui pendouillaient le long de ses flans.
Une vie toute entière au fond de ces besaces ne semblait pas peser bien lourd.
Aurais-je si peu vécu que pas même un infime détail n'en dépasse ?
Il me regardait, tranquille, ses yeux de velours caressant mon chez moi.
Je me suis perdue dans ces deux lacs profonds. J'y ai perdu le Nord. Et la notion du temps qui passe.
Mais d'un orteil impatient, il s'est mis à gratter le sol, là, juste devant moi. Sa tête a dodeliné, lentement, et les deux lacs noirs se sont ancrés à moi.
A bout de souffle, j'ai levé la tête, contemplé ces montagnes rudes qui ornent mon quotidien.
J'ai empoigné mon bâton de marche et j'ai fermé la porte de ma maison.
Et l'âne et moi avons entamé la tranhumance ultime.
C'était ce matin. Un âne a frappé à ma porte et j'ai brisé mes liens.