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Les Mots de Pati
28 août 2007

Découvertes...

écrit durant ma semaine de vacances dans la famille de mon amie A.

Etrange impression que de découvrir un ami au travers du regard de sa famille, de ses proches...

Les anecdotes passées révèlent des pans de vie qui nous sont inconnus. Celui que l'on connait est concerné et pourtant, c'est comme si l'on parlait de quelqu'un d'autre. Un inconnu partiel, en quelque sorte. Il faut faire concorder ce nouvel éclairage avec ce que l'on connait, ce que l'on sait de cet ami.
Le même phénomène touche la famille qu'on découvre, d'ailleurs. On a entendu parler d'eux et là, c'est l'image réelle qui se superpose à ce que l'on a perçu, imaginé d'eux. Des sentiments se collent derrière les mots, plus encore derrière les silences, éclairant les personnalités d'une riche palette de couleurs vraies.

On se demande comment on est soi-même perçu car on nous découvre, nous aussi. On devine des questions, qui ne seront pas posées, de ces gens qui se demandent ce qui a bien pu rapprocher leur rejeton de cette personne qu'ils voient pour la première fois. Eux aussi doivent faire un gros travail de recalage.
Dans mon cas, je me rend compte que je ne colle qu'imparfaitement à ce qu'imaginaient les parents de A. Ils sont surpris de mon âge, je m'en doute et ça m'amuse, avouons-le !

Mais lors de ces premiers contacts, les proches se demandent surtout s'il y a eu confidences et comme ils se doutent que oui, se demandent sur quoi elles ont porté. Quels secrets de famille ont été abordés ?
Ainsi, qu'est-ce qu'on a bien pu me confier, de ces secrets si jalousement gardés ? Les a-t-on décrits comme ils auraient aimé l'être ? Ou comme des monstres ? Ou bien tout simplement tels qu'ils sont ?
Ah ! Ces questions ! Elles se faufilent derrière chaque regard, chaque silence, même fugace, derrière chaque réaction de connivence entre A. et moi.
Il y a de la précaution gentille dans les échanges.
Mais il y a surtout de l'accueil, de la curiosité attentionnée, de la gentillesse même, à mon égard et c'est plaisant. Le courant passe plutôt bien. Et derrière la précaution d'usage, je sens l'accueil sincère, et l'impresison plutôt bonne.

Il y aura donc toujours de la difficulté dans les relations humaines, même entre gens de bonne volonté. Plus encore quand il semble exister une sorte d'empreinte affective entre les gens. Quelle est la part d'inconnu dans cet affectif qui échappe au contrôle de personnes qui se rassurent à tout savoir de l'autre, par exemple ? Et quelle est la part de plomb qui pèse sur le dos de celui qu'on veut protéger, qu'on aime, même maladroitement ?

Je suis étonnée de voir cette famille fonctionner sous mes yeux. Cela m'étonne de voir pour de vrai ce qu'on m'a pourtant décrit : un fonctionnement dans le non-dit total, ou presque.
Ce n'est pas mon quotidien, loin s'en faut ! Je parle presque trop, ne réfléchis pas vraiment avant de dire ce qui chatouille mes cordes vocales, parfois celles-ci sont plus promptes à la réaction que mon vieux neurone, d'ailleurs... ;)) Mais je préfère l'autonomie parfois vive de mes mots à ce silence douloureux à force de retenue.

Quand je croise des gens qui ne savent pas se parler, j'ai mal pour eux. Car il y a beaucoup de souffrance derrière un non-dit. Toujours.
Même le silence devient dangereux. On sent que si on le laisse s'installer, la réflexion pourrait être possible, et il n'en est pas question.
Il est pourtant si agréable de se laisser aller au silence, entre amis. Il m'arrive souvent de rester silencieuse auprès d'eux, sans ressentir le besoin de combler un silence jamais pesant. Je savoure, c'est tout.

Comment alors expliquer que ne pas se parler ne signifie pas forcément se faire la gueule ? Que ce peut tout bêtement être apprécier l'instant à sa juste valeur, sans éprouver le besoin d'y plaquer du vocabulaire pour remplir un vide, un silence qui angoisse ?
De même, pourquoi avoir peur de se dire ce qui fâche ? Sans le faire, comment peut-on aplanir les différents, apprécier les difficultés, éclaircir les quiproquos, les malentendus ? Ah ! C'est moins simple, moins confortable, c'est clair ! Du moins sur le moment. On se frite, on s'engueule parfois, mais c'est ainsi qu'on apprend à communiquer avec l'autre. Il suffit, quand l'orage gronde un peu trop fort, de se mettre à couvert, le temps que ça se calme un brin et on peut ensuite calmement revenir sur le sujet et reprendre la discussion sans plus hurler. Et si l'on s'y prend bien, le ciel s'éclaircit, la plupart du temps.

Comment expliquer à ceux qui évitent tout affrontement que ce dernier vaut mieux que la rancœur dûe au non-dit ? Que s'engueuler ne signifie pas qu'on ne s'aime plus ? Que parfois, pour comprendre l'autre, il faut le pousser dans ses derniers retranchements, et que c'est douloureux, et que l'engueulade est alors pansement de fortune ? Que c'est ainsi que s'établit une véritable relation entre deux amants, deux amis, une fratrie ou une famille ? Que des concessions sont toujours possibles (mais oui !) et qu'elles ne signifient pas perdre la face, ou sa liberté, ou je ne sais quoi, mais qu'au contraire, quand les concessions s'équilibrent (ah ben oui, quand même...) elles permettent la construction d'un échange riche et vivant, et entretiennent un respect précieux entre les gens.

L'orgueil, la peur, la pudeur excessive sont les écueils que nous devons éviter, à chaque instant. Ils sont très mauvais conseillers, quand il s'agit de communication... d'échange.
Pas facile, c'est vrai, je le reconnais. Mais c'est tellement précieux, ce calme, cette sérénité quand on y parvient.

Alors la prochaine fois que vous vous surprendrez à penser tout bas, à marmonner après quelqu'un, à garder pour vous ce que vous pourriez peut-être dire tout haut... pensez-y, voulez-vous ?
Posez-vous les vraies questions, même si elles sont plus dérangeantes... N'oubliez pas que la rancœur s'installe derrière chaque silence forcé.

Et qu'il est bien plus difficile d'effacer une rancœur qu'un non-dit.

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Commentaires
M
tu as raison Pati, la communication est essentielle...<br /> j'ai parfois du mal à parler à mes très proches, mais je me soigne ( je me force, quoi :)) car je sais que c'est primordial pour nous tous.
E
J'aime beaucoups ce que tu décris là, ca me parle, mais tu t'en doute sûrement, sourire. <br /> Il faudrat que je revienne en rentrant pour développer se que ton post me renvoit.<br /> <br /> Bisous, bisous.
F
Tes mots Pati me touche c'est surtout ,sur le silence j'accepte le silence qui arrives quand je suis avec une amie et je ne me sens pas obligée de le combler et parfois l'amie non plus et je ressens comme "quelque chose" d'apaisant . <br /> Cela me fait penser à cette phrase "si ce que tu as à dire n'est pas plus beau que le silence alors tais-toi" proverbe chinois (quoique je ne sois pas toujours d'accord avec).<br /> Merci
L
j'ai bien lu... <br /> moi aussi.
A
C'est donc ça que tu griffonnais quand tu ne parlais pas ? ;o))))))<br /> <br /> Marrant que ça tombe juste avec le mail que j'ai envoyé hier soir au pater :o)<br /> <br /> bises douces
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