quelle drôle d'idée...
une de celles que je lis souvent m'a demandé dans un mail comment j'allais.
je n'ai pas répondu.
oh pas parce que je ne vais pas bien, rassure-toi, lecteur... non, juste parce que je ne sais pas très bien comment je vais, en fait.
j'avais parlé de ce sentiment d'attente, que je traverse. je suis toujours dedans.
mais si je me creuse un peu le ciboulot, je sais pas vraiment pourquoi j'attends, et quoi. c'est on ne peut plus inconfortable.
je me bouge.
j'ai passé le week-end à faire du rangement (c'est ce qu'il y a de bien, avec les grandes maisons qui abritent un gosse remuant... ya toujours du rangement à faire...). c'est parfait, le rangement, ça occupe les mains ET l'esprit.
et tout ce temps, je suis restée consciente d'attendre. exit la feinte, je ne me suis pas dupée moi-même...
un riche échange de mails m'a pourtant fait avancer dans la préhension de ce que je vis. je perçois mieux ce que j'affronte.
oui, je parle bien d'affrontement. entre ma volonté et un constat.
je sais que je dois faire le deuil de quelque chose. le tout est de BIEN comprendre de quoi je dois faire le deuil.
pas de ma mère, c'est déjà fait.
pas non plus du manque que j'ai d'elle. parce qu'elle me manquera toujours. un peu. mais que c'est tout à fait gérable.
ni de la douleur liée à sa mort. j'ai le manque d'elle, mais ce n'est plus douloureux. comme un peu mes cicatrices aux genoux... elles existent mais ne se rappellent à mon bon souvenir que quand j'appuie fort dessus...
alors quoi ?
durant cet échange voici, en partie, ce qui s'est dit écrit :
«........Le second deuil..je ne sais pas bien comment dire, c'est un deuil mais pas que d'une personne, à la fois faire le deuil de quelque chose et accepter une nouvelle naissance. Difficile quand l'ordre des choses naturel est bousculé. Quasiment c'est comme si tu devais tuer ta mère symboliquement à nouveau, un œdipe bizarre... puisque tu vis plus loin qu'elle........»
«....... Ce qui me parait vraiment dur c'est d'accepter que tu la dépasses.»
voilà. tout est dit. la difficulté, elle est là. très exactement là. dans l'acceptation de ce fait incontournable.
et c'est bien en ça que cela s'apparente à un deuil. parce qu'on ne peut faire autrement que vivre "sans".
j'ai déjà eu du mal à accepter son départ, comme tous ceux qui ont été dans mon cas, à perdre quelqu'un de cher. mais je l'ai fait. je suis passée au-delà de ce cap. j'ai accepté d'avoir une vie sans elle.
ça m'a pris du temps oh oui, mais je l'ai fait.
mais là, ce que je dois accepter, c'est l'idée d'avancer plus loin qu'elle. parce que dans les faits, ce n'est pas moi qui vais décider de vivre ou non (enfin, si, je pourrais, mais j'ai pas dans l'idée de me suicider, non plus...). je dois juste accepter cette putain d'idée d'aller plus loin toute seule. et d'en trouver la motivation.
donc, ce doit être ça que "j'attends".
ça parait con, hein, posé comme ça ? on se dit "mais elle est nouille ou quoi ? c'est cool de vivre, regarde un peu la chouette aventure, avancer sur un chemin, y imprimer sa propre marque" etc, etc... mouais.
ben ça l'est pas, simple. ça prend du temps. de l'énergie. toute mon énergie, en fait.
nota pour moi-même : trouver - rapidement si possible - cette putain de motivation, screugneugneu !