dans l'azur d'un ciel indifférent.
image de Coumarine
Il n'en a parlé à personne.
Il s'est assis sur le banc, à l'ombre des oliviers centenaires.
Il a rectifié le nœud de sa cravate à pois et a perdu son regard glacier dans l'azur d'un ciel indifférent.
Son
visage n'a laissé nul émoi transparaitre. Juste assis là, à l'ombre des
oliviers séculaires, il a laissé sa vie couler hors de sa mémoire, l'a
étalée devant lui.
Il l'a bue encore et encore, la lie de sa vie. À s'en saouler de désespoir.
Rien
n'est venu percer cette terrible solitude. Même les oiseaux ont stoppé
leur chahut et l'ont sevré de leur musique. Même les oiseaux l'ont
condamné au silence éternel.
Il a croisé ses mains sagement sur ses genoux serrés. Le dos bien droit contre le bois cendré du banc, il a brulé le temps.
Et le temps l'a consumé.
Alors est monté dans le bleu de ses yeux tout le poids de sa peine et de sa déchirure.
Parce
qu'on peut contenir son corps dans un carcan rigide, qu'on peut
statufier son cœur et museler sa bouche mais qu'on ne peut pas
maitriser son regard, c'est tout le poids de son désarroi qui d'un coup
s'échappa de ses yeux. Les pupilles dilatées par l'enfer entrevu, il
s'affaissa lentement sur lui-même, devint une ombre parmi les ombres et
tout fut dit.
Si un jour vous vous aventurez parmi ces oliviers, peut-être
verrez-vous ce banc gris cendre, peut-être aurez-vous l'envie de vous y
reposer un instant, la vue est si belle, de ce banc.
Mais au moment
de vous poser, peut-être sentirez-vous comme une présence, une ombre
parmi les ombres, un souffle bleu glacier qui vous chuchotera d'aller
voir ailleurs si les oiseaux chantent leur chanson. Peut-être même
qu'en repartant, du coin de l'œil, vous croirez apercevoir une
silhouette diffuse en costume bleu et cravate à pois.
Puis vous secouerez la tête et penserez à autre chose...
Pour Paroles Plurielles