Les neuf vies du chat... portrait
Il parait que le chat a neuf vies. Qu'il les
consomme l'une après l'autre, au fil de ses besoins. Alors j'ai dû être
chat, ou l'être encore.
Aujourd'hui, je suis plus vieille que ma mère ne le sera jamais et cela perturbe le regard que je porte sur ma vie.
J'ai
48 ans, le cheveu plus trop noir, le teint plus trop frais, la démarche
plus trop assurée. Mon corps crie souvent grâce, m'implore un repos
bien mérité à coup d'arthrose et autres jérémiades et pharmacopées...
je l'écoute rarement, j'avoue. Mais il sait se faire entendre, le
bougre.
Il vient récemment de me rappeler très clairement que
c'est lui qui décide de mon devenir, et tant pis si je ne suis pas
d'accord. La force de sa volonté m'a littéralement... coupé le souffle.
J'ai
eu la chance de naître dans une famille aimante et chaleureuse. J'ai
été choyée, chouchoutée, dorlotée... donc j'ai fait les pires bêtises.
Et
comme je suis un détonant mélange de sang basque et béarnais, j'ai su
aller au bout des choses et au fond du gouffre. Jeune, j'ai frôlé la
mort et entamé une autre vie, loin des sensations à la façon montagnes
russes. J'ai dû apprendre la valeur de l'attente, du silence, du rien
faire... apprentissage long, lent et difficile.
J'ai passé plus de temps à l'hosto qu'ailleurs, je pourrais en faire un guide :
« Le guide du routard des hôpitaux et cliniques de la région parisienne »,
aux éditions du Survivre, par Pati la couturée... ça le fait, non ? En
même temps, ce fut la plus belle des écoles, celle où j'ai appris mes
plus belles leçons. Les plus dures aussi. De celles qui s'inscrivent au
fer rouge sur la mémoire.
J'ai sur le corps la marque de mes
chagrins, la carte de mes erreurs et de mes apprentissages et j'en suis
fière. Mes cicatrices me définissent autant que mes pensées et les
montrer ne me gène pas.
D'ailleurs, je n'ai jamais cultivé
l'importance du regard de l'autre sur moi, partant du principe avéré
que si je ne plais pas à qui me regarde... eh bien que celui-ci regarde
ailleurs !
On dit que j'ai le don de faire naitre les
confidences. Alors j'ai aussi le don d'écoute. Je n'ai pas de mérite,
l'autre m'intéresse et me fascine. On dit aussi que mon regard sait se
faire perçant, voire clairvoyant. Il faut dire qu'avoir vécu plusieurs
vies aide à en comprendre une seule...
Je suis fortement
attachée à mes racines. D'où je viens est ma respiration, mon ancre.
Mes aïeux sont ma force et ma définition, ma région est mon sang et mon
refuge. J'ai reçu tant de ma famille que je veux transmettre au maximum
à mes proches ce qu'elle m'a apporté. Les valeurs passent par tout
support de partage, la cuisine en est un bon exemple... d'ailleurs, à
me voir, on sait l'importance de la table, pour moi ! J'ai depuis
longtemps abandonné l'idée d'être mince comme un fil, cette image
serait aux antipodes de ce que je suis.
Et pour finir ce drôle
d'autoportrait, je dirais que si je suis bien un chat, je suis un chat
de gouttière. Une ombre qui file sur les toits de vos vies, sans
s'appesantir, aussi discret qu'un souffle, à la griffe prête à jaillir
pour défendre ce à quoi il tient, Mais aussi à la patte de velours pour
qui le caresse dans le sens du poil ... !
Pour Kaléidoplumes