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Les Mots de Pati
25 décembre 2008

c'était la fille du...

Voici, pour les deux dernières consignes de 2008 de l'atelier Kaléidoplumes, une correspondance entre..
le Père Noël et le Père Fouettard...
bonne lecture !

***************

Cher vieux grigou,

Oui, je ne prends pas la plume souvent, je passe bien trop de temps à lire mon courrier ! Mais là, je me suis dit qu'une petite bafouille serait la bienvenue...
Je te connais depuis quoi... 2000 ans, environ ? Ça file, hein... et ça nous rajeunit pas. Depuis tout ce temps, tu penses si je commence à bien te connaître ! On dit que tu es l'inverse exact de ma (grosse) personne. Eh bien, je dis, moi, que tu n'es pas si éloigné que ça de moi. Nous avons visiblement quelques goûts en commun.

Bien sûr, Germaine est belle, je te l'accorde. Depuis que je l'ai rencontrée, j'avoue être toujours sous son charme, elle me fait fondre, que veux-tu. la mère Noël, comme ils disent, en bas. Sans elle... je ne sais pas ce que je serais devenu. Pas grand-chose, sans doute. Ça fait des décennies que nous vivons côte à côte. Elle et moi avons appris à... entretenir une certaine liberté, dans nos actes. L'ennui, ce sale venin du quotidien, aurait pu nous abattre mais nous avons su résister. Bien sûr, elle et moi avons eu ici et là quelques aventures, passagères, quelques dizaines d'années, tout au plus.

Mais toi ! Alors là, non. Que toi, tu oses me la séduire, elle si naïve, si gentille... non. Quand j'ai retrouvé sous le lit (alors que je cherchais ma seconde botte) ton fouet, je n'en ai pas cru mes yeux ! Tu as osé mais attention ! Je ne suis pas d'humeur à me laisser faire, vieux cochon !
Déjà que ce matin, un inspecteur des impôts céleste est passé mièvrement m'annoncer que j'allais faire l'objet d'un contrôle.. trop c'est trop !

Alors voilà : soit tu files à l'anglaise, comme tu aimes tellement le faire, et tu laisses Germaine tranquille, soit je te préviens, je sais comment obtenir ce que je veux quand je le veux ! Je ne laisserai pas tes mains noires salir ma belle, je ne te laisserai pas l'emmener au plus profond de ta noirceur, Fouettard ! Tu es prévenu. Nous sommes le 19. t'as quatre jours pour décamper de sa vie. Et de la mienne, ce serait bien depuis le temps... Oui, je sais, le Patron a dit qu'il faut un équilibre en toute chose... Mouais. Il t'avait pas créé depuis un jour quand il a dit ça, et je me doute qu'il s'en mord bien les doigts !

Je veux avoir une preuve de ton départ avant ma tournée de cette année. Sinon, gare à toi, vieux cochon !

Ton (faux) ami,
Le père Noël.

Et voici la réponse, quatre jours plus tard, du père fouettard...

Salut Santa ! (as-tu remarqué, tiens, le bel anagramme qu'on peut faire avec ton nom, héhé... évidemment, Satan Claus, ça engage moins les petits enfants à grimper sur tes genoux, hein, vieux fripon !)

Comme demandé, il s'est passé quatre jours et voici ma réponse, vieil homme. Eh oui, il m'arrive d'être de parole, vois-tu.
Bon évidemment, depuis ces quatre jours, tu t'es retrouvé seul. Pas prévu ça, mon pauvre vieux hein...

Ainsi la belle Germaine me préfère, elle se dessèche à tes côtés, s'emmerde à mourir vu que tu passes le plus clair de ton temps dans ta fabrique, à faire je ne sais quoi avec tes lutins... ben tu vois, moi, je lui ai occupé ce temps libre. Et vu sa réaction, elle m'a semblé y prendre, comment dire... un plaisir plus que certain ! Mon voisin Belzébuth se souviendra longtemps de sa première envolée orgasmique... il est vrai qu'on crie rarement "Oh mon Dieu, Oh mon Dieu ! Oooooooh Mon Dieeeeeeuuu !", dans le coin !

Alors donc, depuis hier, c'est à moi que Germaine mitonne de bons petits plats, pour moi qu'elle se pomponne, qu'elle se parfume, qu'elle oint son corps de reine avec cette huile sensuelle que tu lui as offert... bon goût d'ailleurs, c'est une merveille, cette huile, sa peau est douce comme une peau de bébé... Elle grimpe aux rideaux chaque soir, et a parfois droit à un petit bonus, quand m'en prend l'envie. Sais-tu qu'elle adore certains jeux des plus inattendus, chez la femme du père Noël ? C'est pas pour rien que j'ai oublié mon fouet chez toi... c'est le deuxième qu'elle me casse, tsss...
Mais mais mais ! Je m'égare.

Ah comme je t'imagine, seul, lisant ma lettre avec rage et douleur... que c'est bon, cher vieil ami ! Et si tu savais comme tu vas avoir mal encore...
Car vois-tu, ta Germaine, j'en veux pas.
Elle pue la gentillesse, la compassion, c'est une infection, Santa ! Elle n'a pas une once de méchanceté, c'est pétrifiant... je n'ai d'ailleurs jamais compris comment tu avais pu passer tant de centaines d'années avec cette cruche pas étanche, et qui n'est pas si belle que ça, dis voir... va p'tet falloir changer tes carreaux, le vieux !
Alors pourquoi donc m'emmerder à la séduire, me diras-tu ? Mais pour te faire crever de douleur, vieux frère, tout simplement.
D'ailleurs au passage, tu salueras bien bas mon vieil ami Mammon, il a dû être parfait, non ? Comme percepteur de l'impôt céleste, avoue que je ne pouvais trouver mieux que le démon de l'avarice ! Oh ! Tu ne l'avais pas reconnu, ce cher vieux démon... pourtant tu sais comme c'est un bon ami à moi. Il me doit tant qu'il ne pouvait me refuser ce petit service.
Mais je bavarde, je bavarde... et tu ne comprends toujours pas pourquoi moi, fainéant notoire, je me suis autant fait suer à tout ce bazar...

Et dire que tu ne t'en souviens pas...
Dire que tu avais sous les yeux la merveille des merveilles, et qu'elle n'a imprimé dans ta mémoire qu'une vague émanescence d'un plaisir rapide et inavouable...
Elle s'appelait Sarah. Une stagiaire dans ta fabrique... tu te souviens maintenant ? Oui, c'est ça... une belle plante exotique, pulpeuse et envoutante...
Tu l'as sautée en vitesse sur les cartons de jouets entassés dans ton traineau, Santa. Comme ça, vite fait bien fait, loin du regard de ta chère et tendre conne... ah je me doute que là, tu t'en souviens mieux.

C'était ma fille, Santa. Que tu as sauté comme une trainée qu'elle n'était pas, et que tu as engrossé, Santa ! Et quand elle est venue te voir, te demander de l'aide, tu étais bien trop occupé à ton foutu courrier ! Tu l'as renvoyée, Santa.
Et elle, ma Sarah, mon précieux trésor tellement inattendu... elle est morte en mettant ton bâtard au monde ! Oh rassure-toi, il n'a pas vécu assez longtemps pour souffrir de son état d'orphelin.

Alors, s'il faut que j'engrosse ta bergère, que je la perde corps et âme dans les stupres de la luxure... compte sur moi Santa. Compte sur moi.
Et tu peux d'époumoner à me menacer, je ne lâcherai pas ce morceau de choix !
Je ne sais pas qui l'a dit, mais il avait bien raison... C'est excellent froid... la vengeance.

Ton pire ennemi, qui ne te salue pas
Fouettard.

Pour Kaléidoplumes.

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Commentaires
T
J'ai déjà lu ce texte ailleurs mais je me suis régalé à le relire ici!
P
bonne année à toi, belle-soeur ;)<br /> et vi, promis, j'vais bientôt réécrire ici ;)
B
Hi hi hi, j'ai adoré ce conte grincant à souhait. Encore, encore... et Bonne année belle-soeur
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