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Les Mots de Pati
11 mars 2009

Le Monde et la taupe sur son dos

La réalité est que le monde tourne sur lui-même. Que le Soleil est son axe, et qu'il lui tourne autour comme une mouche autour d'un pot de miel.
La réalité est que le monde est monde, et que s'il tourne sur lui-même, c'est qu'il a dû perdre quelque chose... il a perdu la boule, ou la mémoire, ou bien le temps qui coule comme le sable dans son entonnoir de verre.
La réalité est que le monde me porte. Qu’il m’emporte sur son dos et me laisse voyager. Qu’il m’inspire des mots qui n’ont ni queue ni tête, mais qui sont miens, et que je lui offre.

La réalité est que le monde… la réalité, c’est que je ne sais pas.
Quelle est la réalité qui me crée ? Qui me sublime et m’enflamme ? Ne suis-je qu’un songe et ce monde un songe éveillé ? La réalité est-elle bien ce que je vois ? Ou bien suis-je le rêve d’un autre grain de sable ?
Ça n’a pas grande importance, puisque c’est la seule chose que je vois. Il faut bien que je fasse avec. Fasse avec la face du monde qui tourne sur lui-même et m’emporte avec lui dans sa ronde intemporelle.

La réalité est que le monde est un immense Lego et que j’en suis une pièce interchangeable. Que je suis donc le monde, et l’univers, et la dune jaune qui cuit sous le soleil, et le grain de sable qui fait la dune et roule sous le vent. Le monde est moi et je suis le monde, nous sommes constitués des mêmes pièces du jeu, c’est juste l’assemblage qui diffère, qui fait que j’ai des jambes et que je marche sur le dos d’un monde qui tourne comme une toupie. Seule ma pensée est originale, mon âme, mon dedans. Le temps de ma vie ici-bas, elle porte toute ma singularité, mon humanité, et cette distinction personnelle m'ancre encore plus au sein du monde dont je suis issu... dont je suis l'issue ?

Ors donc je suis le monde et la réalité est que le monde est vieux, et qu'il a la gangrène. Un virus prolifère sur sa croûte, et le démange horriblement. La vérité est que le monde est malade, et qu'il se gratterait bien la croûte, avant de la casser.
Je suis le monde et je suis tout aussi malade que lui. Je suis le virus et le traitement aussi. Mais ça, je ne le sais pas. Je manque juste de vision. De vision sur le long, sur l’éternel. Je ne suis qu’humain, à ma décharge. Décharge puante, ce nouveau désert de dunes créées par moi dans ma folle consommation d’une société qui n’est que ce qu’elle jette.
Je suis fou, puisque je scie la branche qui me porte. Je suis fou, mais je m’en fous, je suis une taupe, aveuglée par le soleil autour duquel elle tourne, sur un monde qui tourneboule, qui perd la boule…

La réalité est que le monde tourne sur lui-même, et que je fais pareil, comme un astre rendu fou par la gangrène qui le mine. Car mine de rien, le monde est monde et ma vie sur ce monde ne dure que le temps d'un battement de cils... Que le temps de me lire, le Soleil gourmand aura consommé la Terre, mais que bien avant tout ça, le monde aura entamé sa valse folle ultime. Et que nous ne dormirons plus sur sa croûte dorée...

La réalité est que le monde tourne sur lui-même, et qu'il n'est qu'un instantané d'une création unique. Que le temps modifie tout et que tout évolue. Que rien ne meurt mais que tout se transforme. Que rien n'est fait pour durer plus que le temps d'un battement de coeur de l'univers entier. Et que c'est amplement assez...

Pour Kaléidoplumes
La consigne était d'écrire un texte ayant l'incipit suivant :
La réalité est que le monde tourne sur lui-même

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