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Les Mots de Pati
16 mai 2009

Marathonnage intensif...

En vue de ce marathon d'écriture, que je tenais à faire consciencieusement, j'ai fait une assez longue pause internet. Besoin d'une coupure, dans mes mots, et dans ma présence en ligne. Besoin de prendre du temps pour moi, et pour mon roman.
Depuis que j'ai repris le travail, c'est plus compliqué, de trouver le temps de m'y mettre...
Ou plutôt, le temps, je le trouve toujours, mais ce n'est pas forcément au moment où j'ai le temps que j'ai envie d'écrire... c'est là la délicate subtilité de la chose.
Et finalement, je n'ai pas du tout écrit, durant cette pause. J'ai lu, par contre. Beaucoup. Et je me suis rendue compte que quand je lis, j'ai maintenant deux visions du texte, en superposition. Un œil dévore l'histoire, pendant que l'autre décortique la façon dont l'auteur a écrit le passage que je lis !
C'est très déstabilisant, et en même temps, ça enrichit ma lecture, va comprendre !
Mais je m'égare...

Cette année encore, le marathon fut riche en expériences, et en émotions. Et il fut double, aussi. Eh oui, j'ai rempilé hier soir. Histoire de partager cette expérience avec des plumes amies, mais aussi parce qu'écrire ainsi, ça a un petit côté dopant, et aliénant (mais dans le sens positif, hein, pour une fois!). Quand on goûte à cette sensation d'envol de l'écriture, on a envie que ça continue, encore et encore...

voici un petit aperçu de ce que j'ai écrit hier...

*********

Créer, c'est important. Ce fut même vital. Pour moi. Ça a été ma planche de salut. Ce qui m'a permis de tenir, pendant mon analyse, et après. Mais bon sang, que ce fut difficile et angoissant !

Créer n'importe quoi, mais agir. Sur la matière, les mots, les idées ou quoique ce soit d'autre. Agir et ne plus subir. Agir en conscience. Être acteur et non plus spectateur de ma vie. Oser.
L'argile a tenu le rôle de catalyseur de ce que je devais « aplanir »... et c'est même pas une métaphore...
Ma colère, issue de tout ce que j'avais refoulé, avant, pendant et après mes galères opiacées, me bouffait encore trop régulièrement le peu d'énergie qui me restait, au sortir de mes séances chez le psy. Et pourtant, je n'en avais vraiment pas à perdre...
J'avais vu travailler le potier du village, quand j'étais gamine. Complètement fascinée par ces formes qui naissaient comme par magie sous ses doigts, j'avais été saisie par la texture de l'argile. C'est donc vers elle que je me suis tournée, pour m'y ressourcer.
Et puis, la poterie, c'est pas un art de fainéant ! L'en faut, de l'ardeur, pour travailler les pains de terre. Juste ce qu'il me fallait ! Je pouvais taper l'argile sur le plan de travail jusqu'à ne plus sentir mes bras, mes paumes. Parfois, j'exultais tellement que j'en criais à pleins poumons ! Presque un orgasme. Une libération jubilatoire. J'avais tellement besoin de me vider de tout ce qui m'empêchait de respirer que je préparais l'argile pour tous les participants de l'atelier ! Ça, je pouvais faire.
Parce qu'après... c'était une autre affaire.

Une fois prête, l'argile semblait m'attendre au tournant. « vas-y, ose un peu me façonner, pour voir si tu y arrives... » et je n'y arrivais pas. Mes mains étaient... mortes. Tétanisées. Anxieuses. Tremblantes, collantes de sueur. Je regardais cette boule ocre et ne savais pas l'approcher.
J'avais peur de créer. Je n'avais aucune idée de ce que je pouvais bien faire de ça. L'animatrice, pensant m'aider, me suggérait « Un vase ? Un pichet ? Un cendrier ? »
Putain, bouge! Active-toi ! « on » va voir que tu flippes. Bouge !
Alors je me lançais, je me jetais à l'eau, et là non plus c'est loin d'être une métaphore... j'étais en nage, en panique totale. J'entamais une forme, comme on me l'avait appris, enroulait colombin sur colombin, et je détruisais. Tout. De façon systématique. Et je partais. M'enfuyais plutôt.

Il m'a fallu du temps, beaucoup de temps, et de boules d'argile qui séchèrent sur place, pour que je comprenne que c'était bien beau, de se vider de sa rage... mais que ce serait mieux, si j'apprenais par quoi la remplacer.

Et finalement, ce n'est pas ma psy, qui m'a aidé pour cette étape. Mais l'animatrice de mon atelier de poterie.
Elle m'a appris à tourner l'argile. Et ce fut une idée de génie. Parce qu'au tour, faut carrément oublier l'idée de force ou de violence. Il faut « sentir » comment l'argile s'élève sous la pression des doigts, une pression qui est nécessairement régulière et lente, sinon, tout part en vrille.
Comme dans la vie...
J'ai donc appris à prendre mon temps. À ne plus oublier que j'avais dorénavant le temps. Le temps de vivre. D'explorer cet avenir que j'avais réussi à m'offrir, tout compte fait.
Et le miracle eut lieu. J'ai laissé mes mains être guidées par la terre, la laissant m'apprendre les bons gestes, les bonnes attitudes. J'ai pris confiance. Petit à petit, ma rage a disparu, laissant la place à la création. J'étais capable de faire quelque chose de mes mains. Et c'était quelque chose de bien.

Ça peut paraître con, de s'ébaubir devant un minable bol en grès même pas régulier, même pas d'épaisseur uniforme. Mais qu'est-ce que j'étais fière, de cette toute première pièce façonnée par Moi.

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Commentaires
P
Pierre > je comprends très bien ça. mon pere a gardé une de mes toutes premières pièces... une espèce de machin dont j'avais totalement raté l'émail. ben il s'en sert comme sucrier. ça me fait toujours un petit quelque chose de le voir :)<br /> <br /> piv' > ya surement de ça, vi, trop tapé de pains d'argile lol. merci pour tes lectures assidues :)))<br /> <br /> ada > un plaisir pour moi aussi, de te voir en ce lieu. reviens quand tu veux :)))
A
En plus de l'envie de modeler, ce marathon me fait découvrir ton blog. <br /> J'en suis ravie !
P
Je suis ton expérience de l'argile avec attention. Tu t'étais peut-être un peu trop consumée à taper dans la terre o;))) j'ai fait trois vases (au colombin), il y avait bien trop de monde pour accéder au tour et déjà trop de monde pour travailler à la plaque. Dommage. Le travail artistique est souvent tuant car il fait travailler corps, coeur esprit et tripes.
P
J'aime bien comme tu racontes les choses :o)<br /> <br /> Ton histoire de bol irrégulier me fait penser aux toutes premières poteries que réalisait ma femme. Honnêtement... c'était plutôt raté. Mais elle y avait mis tellement d'ardeur, d'application et de persévérance que c'en était beau ! J'ai toujours un souffle d'émotion et de bonheur quand je vois ces pièces.
S
:)) je l'aime d'amour cette terre là.
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