Sache que...
Toi, le frère que je n’ai jamais eu,
Si tu savais ce que...
Tu m’aurais appris un langage connu de nous seuls,
Les rires complices et chuchotés,
Les jeux partagés, les bagarres pour des riens.
Tu m’aurais appris à faire du vélo,
Criant de joie à mes premiers succès.
J’aurais été si fière de ton regard posé sur moi…
Nous aurions dévoré de concert d’immenses tartines de pain grillé
Couvertes de confitures maison qui rougissent la langue
Et font briller les yeux.
On aurait grandi ensemble.
J’aurais noué tes premières cravates,
Tu aurais râlé devant la longueur de mes jupes d’été.
On aurait parlé toutes les nuits
Du temps qui passe et des vacances à venir,
On aurait rêvé ensemble à un avenir plein de promesses.
Je t’aurais appris les poètes sous les couvertures,
À la seule lueur des lampes de poches.
Tu m’aurais traîné à tes matches de foot
Et j’aurais fait semblant de détester ça…
J’aurais jalousé tes premières conquêtes
Comme tu aurais surveillé mes premiers flirts
Chacun veillant sur l’autre, mine de rien.
Tu aurais séché mes premières larmes
J’aurais pansé tes premières blessures
Ensemble, nous aurions juré de ne plus
Tomber dans les griffes de Cupidon.
Jamais.
Et puis la vie, l’amour nous auraient séparé
Nous serions restés campés sur nos égos meurtris
Croyant nos âmes éloignées pour toujours.
Et puis, le temps aurait adouci nos fiertés,
Attendri nos cœurs et rapproché nos âmes.
Nous aurions retrouvé la complicité d’antan
Celle qui nous rendait uniques. Et indissociables.
Et nous aurions vieilli côte à côte,
Lentement... Simplement.
Mais tu n’es pas né, mon frère.
J’ai grandi seule, comme j’ai pu.
J’ai façonné mes rêves sans m’épauler sur les tiens.
J’ai avancé sans ta main dans la mienne
Sans ton cœur près du mien.
Tu n’auras vécu que le temps d’un poème.
Mais toi qui aurait pu être... sache que je t’aime.
Quand même.
Pour Kaléidoplumes