En accéléré
Ma vie se déroule à l’envers.
Lancée à toute allure, mon train me mène
En ligne droite à la fin de toute chose.
De part en part, la vie des autres s’écoule
Je la vois en accéléré, je n’en distingue rien
Elle est tellement étrangère à ce que je suis
Je ne suis qu’une ombre de la nuit
Une ombre qui dérange
Qui va plus vite que la vie même
Dehors, tout est noirceur, bassesse
Faux semblants, lâcheté
Hypocrisie
Tout n’est qu’uniformité
Tout se ressemble
A la même dégaine et les mêmes refus
Enfermé dans mon wagon, je n’en vois qu’une ruée sombre
Que je traverse à mon rythme
Indifférente à ce qui ne peut plus m’atteindre
La nuit porte en elle une vie dont vous ne savez rien
Comme elle ne sait rien du jour qu’elle transperce
Et c’est très bien comme ça
Les ombres de la nuit sont fugaces
Libres et intemporelles
Le monde entier leur appartient
Elles le façonnent, le malaxent
Le transforment à leur guise
Au gré de leur envie
Aucune limite à leur imaginaire
Elles ont toute la place laissée vacante
Par la foule compacte et pressée
Qui court après le temps
L’ombre que je suis a tout le temps
Le temps d’être autre
De le revendiquer
Le temps d’exister
D’être vraie
L’ombre que je suis est née de sa rencontre
Avec la lumière qui la guide
Sans qui elle n’existerait pas
Et si elle traverse aussi fugacement vos vies
C’est qu’elle court se perdre en elle
Et c’est très bien comme ça.
Pour Kaléïdoplumes