Rencontre: Chapitre 6
Vendredi 23 Juillet, 9h
Je me suis couchée assez tôt (enfin, pour moi!) J'ai eu beaucoup de mal à m'endormir. Dans la belle chambre que tu as mis à ma disposition, je tourne en rond dans le lit, vais à la fenêtre, me recouche. Je commence à réaliser ce que nous sommes en train de vivre, et j'ai du mal à me dire que c'est réel. Que tu dors à l'étage en dessous. Que l'écran et le clavier se sont volatilisés. Que j'ai encore une journée à passer avec toi.
Je suis tout simplement surexcitée.
Je m'endors à l'aube, épuisée.
Le réveil est compliqué. En ouvrant les yeux, je ne réalise pas où je suis, j'ai « oublié » que j'étais à Pau. Je me lève, vais à la fenêtre, traverse cette chambre que je prends pour la mienne... je réalise que quelque chose cloche quand, regardant dehors, je vois le joli figuier qui orne l'arrière de ton jardin ! J'ai pas de figuier chez moi, où suis-je ?? Montarras ? Noooon, c'est un jeune figuier, pas un tout tordu...
Et d'un coup, je reprends pied, je me rappelle où je suis, chez qui je suis :
« Oh purée, chuis chez cassy !! »
Je réalise alors que j'ai traversé toute la chambre sans me rendre compte qu'elle ne ressemble en rien à la mienne, c'est dire à quel point j'ai du mal à croire que tout ça est bel et bien réel, que nous l'avons fait !
Je descends le plus silencieusement possible, tout le monde dort encore. Je me fais chauffer un thé, et je m'installe pour finir de corriger ma saga, que j'ai emmenée avec moi.
Une bonne demi-heure plus tard, je te vois pointer le bout de ton nez. Tu sursautes presque en me voyant. Je réalise alors que tu as « oublié » toi aussi ma présence chez toi, et je me dis que j'aurais peut-être mieux fait de rester dans la chambre, je n'ai pas envie que le choc déclenche une crise d'angoisse. Tu commences à m'expliquer ce que j'ai déjà compris, que tu vas aller t'isoler un peu dans ta chambre, le temps de te remettre de la surprise. Je fais de mon mieux pour te rassurer, et me replonge avec un air que j'espère naturel dans ma correction !
Finalement, tu reviens assez rapidement, calmée.
La matinée se passe bien. Nous continuons à parler ; c'est incroyable, la masse de choses que l'on peut avoir à se dire. Tu as à cœur de m'expliquer au mieux ce que tu vis, pour être certaine que je comprends bien. Je t'écoute, j'engrange, les mots viennent comme une légende sous un dessin, pour illustrer ce que mon instinct me souffle.
Nous rejoignons ensuite un univers qui nous est nettement plus familier : la Toile, le Net. Et quelques contacts kaléidoplumiens qui nous sont chers, à qui nous révélons l'incroyable.
Moi sur ton pc, toi sur ton portable, c'est un peu comme d'habitude. Le ton redevient léger, aisé, un rien taquin même, car nous jouons à faire durer le plaisir de l'annonce. Et nous répondons avec la même joie à leurs très nombreuses questions !
Sauf que pour une fois, quelques commentaires hors claviers fusent au travers de ton salon. Je t'entends rire aux bêtises que j'écris.
J'aime.
L'arrivée imminente de ton homme pour midi te stresse alors tu files t'occuper au repas. Je propose mon aide, tout en sachant déjà que tu vas la décliner : tu as besoin de te concentrer pour que le repas se passe au mieux.
Tu as peur que ton homme reste muet face à moi, si tu n'es pas là pour faire le lien ; en fait, tu ne sais rien de ses réactions en société, puisque de relations sociales, tu n'en as pas avec lui. Et je te vois sourire, mais être très surprise, quand tu l'entends discuter avec moi, de notre région (que nous avons en commun, car – et non, ça n'est même pas surprenant – c'est « un pays », lui aussi), de l'actualité, de la météo, enfin de tout et de rien. Le découvrir si à l'aise te rassure, et le repas, pris au soleil dans ton jardin, est un vrai moment de partage comme je les aime : doux, serein, et rieur.
La suite chez elle