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Les Mots de Pati
23 août 2010

une rafale d'odeurs...

Parfois, certaines conversations sur messageries instantannées donnent de drôles d'idées... ainsi, cassy et moi nous sommes découvert un appétit soudain, une envie immédiate d'écrire de concert sur un sujet abordé pendant cette conversation matinale... voici ce que cela donne :

dscn1810

Écrire une note sur les odeurs qui ont bercé mon enfance, pour quiconque me connaît un tant soit peu, ça doit paraître une idée sans queue ni tête ! N’ayant que très peu d’odorat, qu’est-ce que je pourrais bien savoir de ces odeurs qui sont censées nous ramener en arrière, à peine chatouillent-elles aujourd’hui nos narines ? Oh bien sûr, quelques odeurs ont toujours su passer outre ce drôle de handicap, pour me tirer vers l’enfance, des odeurs parfois bonnes, parfois étranges.
Mais d’ordinaire, ce n’est pas par l’odeur que je remonte le fil de ma mémoire, et pourtant…

Pourtant, je me souviens…

Je me souviens de l’odeur du lait tiède, quand mamé m’en donnait le fond d’une tasse à boire, tout juste sorti du pis…

tabacJe me souviens de l’odeur du tabac frais, suspendu tout en haut du séchoir qui jouxtait Montarras, en longues grappes de feuilles musquées ; je me souviens aussi de la trace qu’il laissait sur mes doigts, quand j’aidais à tresser les fagotins ( 9 feuilles mises à plat, roulées dans une dixième…)

Je me souviens de l’odeur des tourins de tomates fraîches, qui mitonnaient des heures sur le coin de l’âtre… il y avait toujours quelque chose au coin du feu, en train de mijoter dans son jus, pour le plus grand plaisir de nos papilles.

Je me souviens aussi de l’odeur du sang qui s’échappait des cous tranchés des canards gras et des oies à la fin de l’été… et de ma terreur, la première fois que j’ai croisé un de ces volatiles sans tête, qui traversait la cour en zigzagant….

Je me souviens l’odeur d’amandes vertes du lait dont ma mère se servait, après son bain… je me souviens aussi de son parfum (le n°10, de Balenciaga), qui m’entourait à peine se penchait-elle sur moi…

Je me souviens l’odeur de cuir mouillé de la pelisse de mon oncle, qui le démasquait à coup sûr, les nuits de Noël, quand il déposait dans nos chaussettes des oranges énormes en guise de cadeau…

330px_gemmage1Je me souviens l’odeur des pins, et de la résine. Je me souviens de ces marches longues, épuisantes, pour récolter la sève mordorée dans les gemmes, à l’ombre de pins immenses et fiers, droits comme des bâtons de justice, mais accueillants comme un sein nourricier.

Je me souviens l’odeur des cèpes, coupés net au ras du pied, pour laisser les racines, et donc une chance de prochaine récolte. Je me souviens le secret farouchement gardé des coins à cueillette…
Je me souviens cette odeur de mousse, en automne. La seule période de l’année qui sentait l’humidité. Et que c’était bon, de sentir la mousse humide, après des semaines d’odeur de paille brûlée.

Je me souviens l’odeur des figues fraîches, mûres au point d’en tomber à nos pieds, et l’odeur de leur jus, qui poissait mes mains avides. Je me souviens comment papé me portait sur ses épaules, pour que je cueille les fruits dodus à la douceur angélique directement sur les branches du milieu, celles qui étaient les plus protégées des attaques des oiseaux…

Je me souviens l’odeur du raisin qu’on pressait, les pieds foulant les grains, je me souviens nos corps enfoncés jusqu’aux hanches,  nos cris réjouis, en sentant le jus couler entre nos orteils… je me souviens du premier jus pressé, si bon, si parfumé.

Je me souviens les fruits qu’on coupait en petits morceaux, avant de les passer en barrique, quand le papé fabriquait dans la cave son eau-de-vie (et qu’il ne fallait pas en parler car chhttt c’est interdit) et comme on avait les idées embrouillées, à la fin de l’après-midi, mon cousin et moi, ce qui bizarrement, faisait hurler mamé…

Je me souviens l’odeur des cigarettes maïs de papé, qui lui jaunissaient les dents et teintaient le bout de ses doigts d’un brun profond ; j’adorais cette odeur, elle signifiait que c’était l’heure des histoires, racontées à l’ombre d’un figuier…

Je me souviens… oui, je me souviens.

Je me souviens l’odeur de mon enfance, nichée au creux de mon cœur et de mon âme, inscrite au feu de l’amour de mes racines et de mon attachement à ce et ceux qui ont fait ce que je suis aujourd’hui…
Que je les aimes, ces odeurs !

Lire le texte de cassy

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Commentaires
T
Quelle description détaillée de tes odeurs vécues. Et le nombre de souvenirs que tu as encore... ça me met en question...
S
les odeurs sont la clé des souvenirs, elles nous ramènent toujours au passé...et c'est bien agréable!
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