Fou rire d'une nuit, cuicui...
Ça faisait un moment qu’on y pensait, qu’on retournait l’idée dans nos crânes. Avec une grosse peur au ventre qui nous faisait atermoyer encore et encore. « Et si on n’y arrive pas ? Si on est nulles, si on tient pas la distance ? Et si, et si…. » Groumph !
Alors il y a un peu plus d’un mois, on a balancé par-dessus bord, trouille, doutes, excuses à deux balles ! Cassy et moi nous sommes lancées dans une aventure au long cours. Une aventure extraordinaire, qui nous passionne, remplit nos jours, nos nuits, nos rêves (pas encore nos cauchemars, mais va savoir !).
L’écriture d’un roman à 4 mains.
Depuis début octobre, deux fois par semaine environ, (enfin je dis environ parce que ça, c’était vrai au début. Ah si, on était sages, au début, sisi !) on se donne rendez-vous sur une célèbre messagerie instantanée, et en avant Guingamp, comme dirait la blonde décoratrice d’M6… c’est parti pour une nuit d’écriture.
Tout s’est décidé très vite. Je pense qu’on portait cette histoire en nous depuis… pfiou, depuis toujours. Le style de roman, le choix des personnages, le déroulement de l’histoire, tout a été jeté sur papier en un temps record. Je me souviens de la première séance d’écriture. De la ferveur avec laquelle nous nous sommes lancées, comment les mots se sont mis à faire des phrases, et des phrases à faire des pages… une vraie frénésie. Voir que nos styles se mêlent bien, que l’envie et le rythme sont les mêmes… c’était et c’est toujours aussi jouissif.
Et puis nous avons fait des recherches. Énormément de recherches. Et forcément, parfois…
Parfois, on se lance sans réfléchir, sans vérifier… et quand on corrige, on se rend compte que ça ne colle pas.
— Bon, t’en es où ? T’as lu ce que j’ai écrit hier ? J’t’ai mis en bleu ce que j’ai rajouté.
— Ben voui, j’ai lu ! C’est super. Sisi. Je t’ai renvoyé ma correction, tu verras, j’t’ai mis en rouge ce qui me chiffonne et par quoi on pourrait le remplacer
Alors à ce stade, tu te retrouves avec un fichier texte à trois couleurs (noir, bleu et rouge), des phrases soulignées de partout, des trucs en gras écrits entre parenthèses (que des fois, la parenthèse est plus longue que le paragraphe dans lequel le petit mot de rien du tout pose problème !), des passages barrés, bref, un merdier sans nom !
— Sinon, j’ai pensé à un truc.
— Ah ?
Oui, alors là, l’expérience m’oblige à t’avouer que depuis quelques temps, je me méfie de ces quelques mots. Cassy a souvent des idées, surtout en ce moment, qui m’obligent à réécrire moult passages, parce que ça chamboule tout ! Bon, ok, des fois, l’idée c’est moi qui l’ai… mais c’est kameme moi qui me retape la correction, hein !
Bon… en l’occurrence, là, c’était une idée de moi :
— Oui, j’ai relu, et je me suis dit qu’en 1940, on ne devait pas dire « Maths »… alors j’ai changé, j’ai mis « calcul »
— Ah ben vi, t’as bien fait. Oh ! Mais dis donc, maintenant que tu le dis… elle a besoin du devoir de maths de calcul pourquoi déjà ? Pourquoi elle a pas été à l’école ce jour là ?
— Ben t’as écrit que le petit frère de Truc lui a refilé la varicelle et…. Ah ben merde !
— Quoi ?
— Ben on avait pas dit que finalement, Truc, elle avait plus de petit frère ? Tu sais ? Pasqu’on savait plus quoi en foutre après, du petit frère…
No comment, au fond ! Je te vois te marrer, si si…
— Meeeeeerde, c’est vrai, me souvenais plus ! Ben c’est qui qui lui repasse la varicelle alors ?
— Heeeeuuuuuuuuuu (là, c’est moi qui rame pour trouver une solution), Machine, elle est obligée de l’avoir la varicelle ??
— Ben si pasque…
Alors là… tu sais quand tu vois ‘Bidule est en train d’écrire ‘, qui tourne en boucle en bas de la fenêtre de dialogue… ? et que là tu sais que tu vas avoir une tartine à lire ?
Oui, je vois que tu vois de quoi je parle… c’est pour ça que je vais te la faire courte :
— Ben si, pasque ça amenait la partie sur l’école, tu vois, on en arrive à parler des devoirs, tout ça… et hop, l’école.
— Ouéouéoué, tapent mes doigts pendant que mon neurone essaie de dénouer la situation… Bon, vala, j’ai remplacé « petit frère » par le jeune Machin
— C’est qui, Machin ?
— ?? Mais on s’en fout de qui c’est ! Il est là que pour refiler cette connerie de boutons à cette bouffonne de Truc !
Bon, à ce stade, en général, tu pètes un câble. Tu te mets à insulter Truc, et qu’est-ce qu’elle avait besoin de lécher la tronche à machin, pour se choper sa varicelle, et puis ça amène quoi, qu’elle ait des boutons plein la tronche ! Enfin bref, le fou rire se prépare il n’est plus très loin…
Parce que tout d’un coup, ta copine t’assomme net.
— Mouahahahahahahah (ce qui, en langage cassy, exprime un vif et soudain grand éclat de rire sonore…)
— Quoi ? Hein ? Quoi !
Oui, ben tu m’étonnes que là, moi, j’attends sévère la prochaine tuile… oooooh si, c’est forcément une tuile.
— HI HI HI c’est pasque je viens de me lire… les devoirs ! HI HI HI, c’est pas possible !
— Ben pourquoi c’est pas possible ??
— HU HU HU…aaaah j’en pleure…
— PKOI C PAS POSSIBLE !! (oui, c’est vrai, je m’énerve, des fois…)
— Pasqu’elles sont en vacances, on l’a dit plus haut ! la rentrée, c’est bien après !!!
— ………………………. !!!!!
Eh oui. Là, tu te rends compte de plusieurs choses à la fois :
1- T’as modifié « maths » en « calcul » pour rien
2- Par la même occasion, t’as inventé un pauvre gamin boutonneux également pour rien
3- Et le plus grave, c’est que tu as relu au moins dix fois ce passage sans voir que ça collait pas
4- et t’as plus de klennex, tes lunettes sont pleines de buée, et t’es écroulée de rire sur ton clavier, un casque avec micro intégré sur les oreilles, que t’as pas intérêt à réveiller la maisonnée sinon, à la vue du spectacle, ils t’enferment !
Écrire à quatre mains… une aventure passionnante, j’te disais…
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