Cargaison
Je suis une bibliothèque.
Je suis un réceptacle.
Je contiens l’ultime trace de vie, l’unique empreinte d’un passé révolu.
Je suis une survivante.
Je survis aux miens.
Et j’emmagasine.
Quand
un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle... je ne sais pas.
J’ai l’impression qu’au contraire, quand ils disparaissent, des
bibliothèques naissent.
Des bibliothèques de souvenirs. D’odeurs. D’habitudes, de coutumes. De rêves. De vies depuis longtemps oubliées, effacées.
J’emmagasine.
Des histoires. Des lieux. Des noms. Des rêves. Des vies aux antipodes de la mienne.
Je
suis un entrepôt. Je suis un cargo en partance vers ailleurs. Je suis
une cargaison d’anecdotes, de flashs visuels colorés et flous, vestiges
d’un passé qui n’existe plus qu’au fond de mon crâne. De mon cœur.
J’emmagasine.
Je suis une bibliothèque. Ai-je jamais été autre chose ? Je ne sais pas, je ne me souviens plus.
Ma propre vie s’efface, celles des anciens prend toute la place. Je suis une bibliothèque de l’impossible.
Je dois transmettre.
Ou mourir.
Mourir ? Et quand je mourrai, qui deviendra réceptacle de ma propre histoire ? De mes odeurs, de mes visions d’antan, de mes rêves, de ma vie ?
Toi ?
Tu es une bibliothèque.
Tu es un réceptacle.
Tu contiens l'ultime trace de vie, l'unique empreinte d'un....
Pour Kaléïdoplumes