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Les Mots de Pati
25 août 2006

J'ai marché tout droit vers la lune, mais je l'ai pas rattrapée.

enfant_sablePapa, tu me vois, là ? De toute façon, je bouge plus, j’ai décidé. Je veux plus y retourner. C’est moche et gris et froid, là-bas. Et puis Monsieur Lacroix je l’aime pas. C’est pas qu’il est méchant mais j’aime pas comme il me regarde. Il a des yeux tout froids, qui me gèlent mes rêves. Il aime pas que je rêve. Toujours, il me crie dessus pour que je me réveille.
A quoi ça sert, de toute façon ! Qui ça intéresse que je sache mes tables ou quand est mort Henri IV, hein ?

Ils m’ont dit que tu étais mort, c’est quoi mort ? C’est là-haut, comme tu m’avais dit ? Je veux être mort moi aussi, comme toi.
Ils disent que je vais avoir bientôt un autre papa et une autre maman. M’en fiche, j’en veux pas ! C’est toi que je veux. Alors, ce matin, je suis parti, sur la pointe des pieds j’ai quitté le dortoir, même que j’ai laissé toutes mes affaires pour qu’ils croient que je reviens… mais je reviendrai pas. J’ai décidé.
J’ai marché toute la nuit. C’est froid, la nuit, je savais pas. J’ai marché tout droit vers la lune, mais je l’ai pas rattrapée. Elle est partie avant que j’arrive. Ça m’a fait pleurer, un peu.
Quand mes yeux ont été secs, y avait la mer, devant moi. Alors j’ai marché jusqu’à l’eau. J’ai joué à « mouille mes pieds, vague » mais l’eau était trop froide alors je me suis assis sur le sable. Pis comme j’avais trop de vide autour de moi, j’me suis senti trop tout seul… Alors t’as vu ? Je t’ai dessiné dans le sable. Et pis tu vois, je t’ai fait des gros pieds, pour plus que tu t’envoles. Et puis aussi, je te tiens la main, comme avant. Comme on faisait dans le jardin et que tu me racontais la lune et les étoiles… tu disais qu’on irait tous là-haut, un jour. Pasque les balles, elles volent haut et fort et loin, tu disais. Pasque nous on serait tout légers, là-haut et que les peines, elles pourraient plus s‘accrocher à nous.
Tu m’avais donné le mot de passe pour s’envoler mais j’ai oublié c’est quoi. Mais je crois que si je bouge pas, si je reste là, à te tenir la main, tu vas me voir, de là-haut et tu vas venir me chercher. Hein pas vrai, papa ?
De toute façon, je bouge pas, j’ai décidé.

Sauf que… J’avais pas pensé à ça, tu sais, mais… J’ai terriblement envie de faire pipi…

Pour Paroles Plurielles.

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Commentaires
E
non cette histoire a quelque chose de tout mignon. Même si un peu triste quand même. Moi elle me rappelle quand je m'inventais des gens gentils ( petite ) à qui je pouvais tout dire,et m'amuser; et quand tu dois passer un aprés midi (seule)entier jusque la nuit tombée dans un champs... sa aide.
P
n'aie surtout pas honte, feuille ;)))<br /> <br /> après tout, la vie a repris ses droits ! cette historiette n'est pas si triste qu'elle y parait ;)
F
J'ai presque honte d'en être écroulé de rire ...<br /> je m'éloigne, j'ai comme une envie ...
P
serge > tes affaires ?? euh... tu comptais emménager chez moi ou quoi ? ;op<br /> <br /> winon > désolée si ce texte a réveillé des peines ... mais merci pour ta lecture :)
W
j'ai pas pu lire jusqu'au bout, c'est trop dur, mais c'est très beau, seulement c'est juste trop dur pour moi...
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