elegance...
quand je suis arrivée à Viry, dans ce centre de rééducation, j'y ai rencontré des gens avec qui j'ai partagé un peu de ma vie, et eux ont partagé avec moi un peu de leurs douleurs variées...
quand je t'ai vu pour la 1ère fois, je ne savais pas de quoi tu souffrais. j'ai juste remarqué comme un brin de malice, dans ton regard, et beaucoup d'attention. puis, j'ai su que tu avais une leucémie, et que ça faisait plus de 5 ans que tu te battais comme un beau diable.
j'ai rarement rencontré quelqu'un d'aussi combatif que toi, d'aussi acharné à se battre, quitte à tout supporter... les plaies infectées, le gonflement des tes membres à cause de tes ganglions, les démangeaisons dues au cocktail morphine-chimio...tu as enduré tout ça avec tant de stoïcisme, et de force...
notre première discussion a été ... comment dire... un mélange d'humour et de gravité, à ton image. tu avais appris que ma mère était morte d'un cancer, et tu m'as posé toute une batterie de questions, sur ce qu'elle a traversé, à la fin. tu m'as appris ce jour-là que l'on te donnait moins de 6 mois d'espérance de vie, et que personnellement, tu t'en donnais encore moins. pourtant, tu avais choisi de lutter aussi fort que possible, histoire de les faire tous mentir.
on passait tous ensemble des soirées animées, faites de rires, de parties de tarot et de papotages variés... on a ri, beaucoup. et puis on a parlé, encore plus.
et puis, d'un coup, tu as commencé à décliner, lentement... tes plaies étaient plus nombreuses, et infectées, tu souffrais, en silence, de voir que tu ne tenait plus aussi bien, le soir, avec nous... alors, après avoir fumé ton pétard, tu t'endormais, à nos cotés, bercé par nos rires, et couvé par nos regards devenus un peu anxieux...
comment résumer en quelques mots ce que nous avons tous partagé avec toi ? comment faire ressentir aux autres à quel point tu étais attachant, et combien tu nous as à tous offert une belle leçon de vie, et de courage?
tu as attendu d'etre seul, un week-end, où, pour une fois, pas un d'entre nous n'a pu venir te voir, comme si tu avais pressenti que c'était là le moment pour toi de partir en toute discrétion, sans rien qui te donne envie de t'accrocher encore un peu...
tu nous as quitté dans la nuit du 17 au 18 juillet.
depuis, on a tous l'impression d'avoir été amputé d'une partie de nous-même, d'avoir croisé un ange et n'avoir pas pu le retenir... tu auras marqué de ton empreinte délicate et élégante, et nos coeurs et nos vies.
personnellement, je t'enfouis au fond de mon âme, afin de t'emmener partout avec moi.
tchao, mon Tof, dors bien... repose-toi, et veille sur nous.
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lettre de Daniel, un ami, reçue pour tof, qui parle bien de lui aussi...
Assomé, je suis KO debout. Ya des cons qui disent que personne n'est indispensable... ils ne savent pas.
Viry-Châtillon, ça sonne comme une station balnéaire. Quelques arbres égarés entre deux autoroutes... en 1 mois, j'y ai tant appris. Juste le temps de se pencher sur la vie. Tout va si vite. J'ai appris que les choses sont relatives. je viens d'où? je fais quoi là ? je vais faire quoi après ?
Tof nous a donné chaque jour une leçon d'élégance, et on s'est senti tout petits devant son sourire en coin, capable de dissimuler la torture la plus ignoble.
C'est sans doute vrai, il était temps que ça s'arrête.
Laissons-le fumer un pét' avec ST pierre !
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lettre d'Hylda, une amie...
Il y a des personnes qui traversent notre vie sans laisser de traces et d’autres, comme toi, mon très cher Christophe qui nous marquent à jamais.
Je n’ai pas eu la chance de te connaître depuis très longtemps mais tu as su me donner une leçon de vie et de courage. Ton sourire et ta bonne humeur de chaque instant resteront gravés dans ma mémoire comme un hymne à la vie. Malgré ta souffrance incessante, tu te préoccupais toujours des gens autour de toi, tu nous demandais si nous n’avions pas trop mal, réellement inquiêt de notre bien être, minimisant le tien.
Tu croquais la vie à pleines dents, profitant de chaque moment, pour toi et pour tous ceux qui t’entouraient.
Tu savais trouver en chacun un détail, une qualité, une personnalité qui te plaisait et tu nous transmettais ta joie de partager ces moments avec nous. Peu de personnes en sont capables, mais toi tu savais nous apprécier avec nos qualités et nos défauts.
Tu es l’une des premières personnes que j’ai rencontré à la clinique, tu m’as accueillie et intégrée naturellement en me mettant à l’aise dès le début.
Pendant nos soirées, tu m’appelais ton Juke box, tu riais toujours lorsque à chaque mots qui se prononcait je chantais une chanson… Je te les dédie toutes, en espérant ne pas trop te casser les oreilles là ou tu es …
Repose en paix mon Toff, bois un coup à notre santé et nous ferons de même. Je ne t’oublierai jamais…