l'oiseau de feu

voilà. on y est. le temps est venu pour lui de prendre son envol.
un dernier regard sur l'horizon, baigné de la lumière pourpre de l'aube ; une dernière récolte de perles de rosées, qu'il boit lentement, perché sur sa pierre benben. Et il prendra son envol pour Héliopolis.
Il ne sait pas pourquoi, tous les 500 ans, il se sent obligé d'entreprendre ce voyage, il le fait, c'est tout. comme ces saumons, loin au nord, qui parait-il remontent le courant pour frayer une unique fois...

d'un ample battement d'ailes, il s'arrache à sa pierre, et entame son voyage. Le soleil fait brûler d'une étrange ardeur ses ailes rouge sang, son bec et ses serres d'or irradient sous les rayons de feu. seules, les plumes blanches et incarnadines de sa queue apportent une note de fraîcheur naturelle à cet ensemble de pourpre flamboyant.

bientôt, il atteindra Heliopolis, y construira son nid, en haut du yeuse sacré.
il parfumera de myrrhe et de cannelle les branchages qui accueilleront ses cendres... Puis, après un dur et méticuleux labeur, il s'immolera, là, au faîte du chêne sacré, de toute éternité à lui dédié.
Et ces créatures minuscules qu'on appelle des hommes attendront là qu'il renaisse de ses cendres...

cela lui prendra 3 jours... le premier, un ver apparaîtra entre les brindilles encensées. le deuxième, il aura donné vie à un oiseau rouge feu, rapide et ample comme un aigle. le troisième, il prendra son envol, emportant entre ses griffes les restes du nid et les cendres paternelles pour les porter au temple du soleil. puis, cette tache remplie, il disparaîtra d'un coup d'aile dans le ciel d'azur, pour 500 longues années de quiétude...

mais l'oiseau ne sait pas qu'il est le dernier de sa race. là-bas, la nature s'est déchainée, proclamant peut-être ainsi son désaccord profond, avec l'humanité... et c'est avec la rage que seule une nature vengeresse connaît, que se précipitent sur lui simultanément un raz-de-marée, un cyclone, et que le ciel se noircit sous l'apparition d'une éclipse de lune!
il n'atteindra jamais Héliopolis, et tombera d'épuisement, sur l'île de Thera.

ainsi disparaîtra l'oiseau de feu, le phoenix d'or, symbole de vie. plus jamais il ne fera renaître dans le coeur des hommes de bonne volonté l'espoir d'une vie riche et sereine, et l'humanité entamera alors le règne des ténèbres et du désespoir...

à moins qu'entre temps... un humain un peu plus malin que les autres ne leur trouve un nouveau culte à honorer, une nouvelle raison d'espérer...

et ce coup-ci, peut-être bien que ce serait un homme....

oui... peut-être... un fils de... Dieu ? ah oui, pas mal, ça.....un messie...

pour obsolettres

Comments

[pati]

ben vi! c'est effectivement la bonne question ! :)

[Feuille]

A croire que l'Homme a toujours besoin de croire en un dieu ...
J'aime bien la fin, l'approche du messie, mélange d'espoir et d'interrogation. Qui peut bien être ce messie qui pourrais remplacer l'idole de feu ?