La prison dépendance
jeune fille à l'absinthe
Picasso 1901
Quand on vit une dépendance, quelle qu'elle soit, on est seul. La quête de la drogue, longue et insidieuse, prend tout le temps disponible, ne laissant place à rien d'autre qu'une longue solitude... Seul face à souffrance, et à celle des autres, conséquence directe cette meurtrière habitude, on se débat dans les méandres d'une vie sans lumière. D'un remord coupable et néanmoins incontournable. On fuit le regard de l'autre, mélange de dégout et de pitié, absolument dévastateur, qui enferme encore plus la victime dans sa prison.
Victimes, oui. C'est bien ainsi qu'ils faut les appeler.
Qui connait leurs chaines ? Qui est apte à leur tendre la main, encore et encore ? Car le chemin est long, vers la délivrance... Et semé d'embûches, et d'écueils... Nous ? Pas sûr...
Leur monde est si éloigné du nôtre... Leur vie est si différente, nous semble tellement vide de sens... Pire encore, comment pourrions-nous ne serait-ce qu'entrapercevoir la difficulté à se sortir de cette gangue, qui les englue de plus en plus lourdement et les entraîne vers le fond, de plus en plus vite ?
On les dit faibles... On pense qu'ils manquent de volonté... On croit qu'il suffit de dire NON... Et on oublie qu'il est possible qu'ils fassent ce qu'ils peuvent, mais que ce n'est pas assez.
Alors, la prochaine fois que votre regard croisera celui d'un alcoolique, accoudé au comptoir de bon matin, ou celui d'un drogué, affalé sur un banc, zombi de passage sur votre route... juste un instant, essayez d'imaginer êre à leur place... Et demandez-vous quel regard aimeriez-vous qu'on vous lance...