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Les Mots de Pati
1 septembre 2006

Au hasard de lectures...

cercles_gJe viens de terminer un bouquin de Fred vargas. Cela s'appelle L'homme aux cercles bleus. Polar classique dans la trame, mais d'une grand originalité dans le ton, ce bouquin m'a emballée. De ce genre de lecture qui vous laisse peu de répit, qui ne donne pas envie de lâcher le livre avant de l'avoir terminé...

L'histoire en elle-même est assez prenante. Un homme se met à dessiner sur les trottoirs de Paris de grands cercles à la craie bleue. Ces cercles entourent des objets, perdus sur les trottoirs, oubliés des passants. Leur liste est digne d'un inventaire à la Prévert : des capsules de bière, des trombonnes, une cagette à légumes, des chaussures, un sac en cuir, un mouchoir, cinq carnets, un os de côtelette d'agneau...
Le commissaire Jean-baptiste Adamsberg est intrigué. C'est un drôle de bonhomme, ce flic venu des Pyrénées. Plus atypique que lui, ça doit pas exister. Il intrigue ses collègues, il donne tellement l'impression de ne jamais rien faire, d'être si lent... Pourtant sa réputation l'a précédé, quand il a rejoint la capitale. Il a su résoudre quatre enquêtes particulièrement ardues, comme ça, l'air de ne pas y toucher.
Il sent que cet homme qui dessine des cercles suinte la cruauté. Pourtant, il n'a pas l'ombre d'un début de preuve ; d'ailleurs le bonhomme semble inoffensif. Pourtant, Adamsberg va le pister, le surveiller, aidé en cela par une océanographe déjantée, un inspecteur alcoolique et un aveugle beau et cynique.
Jusqu'à ce qu'à la place d'un objet abandonné, ce soit le corps d'une femme égorgée qu'on retrouve, à l'intérieur d'un cercle bleu...

J'ai aimé l'histoire, bien sûr, très bien menée, avec son lot de surprises jusqu'au bout. Mais ce que j'ai préféré, c'est le style d'écriture. Un style farfelu, parfois, toujours drôle, très poétique ; un de ces styles qu'on associe rarement aux romans policiers. Vous en voulez un aperçu ?

[ ... A l'instant, elle venait de s'apercevoir que le filet d'eau de la fontaine d'en face, dévié par le vent, mouillait le bras d'un ange sculpté en contrebas, et ça, c'était peut-être des instants d'éternité. Au fond, ce type était en train de lui gâcher le seul instant d'éternité de son septième jour. ... ]

[ ... "Vous n'avez rien à faire dans la police, Jean-baptiste. La police n'est pas sylvestre." Elle s'était trompée. Il avait débrouillé au cours des cinq années suivantes quatre meutres d'une manière que ses collègues avaient trouvée hallucinante, c'est-à-dire injuste, provocante. "T'en fous pas une rame, Adamsberg, ils lui disaient ; tu es là, tu traînes, tu contemples les murs, tu griffonnes des croquis sur tes genoux, comme si t'avais la science infuse et la vie devant toi, et puis un jour tu rappliques, nonchalant, gentil, et puis tu dis : "Faudrait arrêter monsieur le curé, il a étranglé le petit pour ne pas qu'il raconte."
L'enfant sylvestre aux quatre meurtres s'était ainsi retrouvé inspecteur, puis commissaire, toujours griffonnant à perte d'heures de très petits dessins sur ses genoux, sur des pantalons informes. ... ]

[ ... - J'étais en train de suivre une femme dans la rue, et puis je l'ai perdue. Alors j'ai un peu trainé au café et c'est comme ça que j'ai rencontré l'aveugle beau. C'est incroyable ce qu'il peut y avoir de gens sur les trottoirs. On ne sait plus où donner de la tête, il faudrait suivre tout le monde pour bien faire. On a discuté un moment, l'aveugle beau et moi, de quoi, je n'en sais rien, il faudrait voir mes carnets, et en fin de compte il m'a plus, cet homme. D'ordinaire, quand quelqu'un m'a plu, je ne me fais pas de souci, je suis certaine de le rencontrer à nouveau. Et là, rien. Le mois dernier, j'ai fait vingt-huit filatures et neuf planques. Jai rempli deux carnets et demi. Ca donne quand même le temps de voir du pays, non ? Eh bien rien, pas le plus petit bout de l'aveugle. C'est le genre d'échec dur à avaler. Il s'appelle Charles Reyer et c'est tout ce que je sais de lui. Dites-moi, vous crayonnez tout le temps ou quoi ?
      - Tout le temps
      - Je suppose qu'on ne peut pas regarder.
      - C'est vrai. On ne peut pas.
      - C'est amusant, quand vous vous tournez sur votre chaise. Votre profil gauche est âpre et votre profil droit est tendre. Ce qui fait que, si vous voulez inquiéter un suspect, vous vous tournez comme ça, ou si vous voulez l'émouvoir, vous vous tournez dans l'autre sens.
Adamsberg sourit.
      - Et si je me tourne tout le temps dans un sens puis dans un autre ?
      - Alors on ne sait plus où on est. L'enfer et le paradis.
Mathilde éclata de rire. Et puis, elle se ravisa.
      - Non, dit-elle à nouveau, je parle trop. Je me fais honte. "Mathilde, tu parles à tort et à travers", me dit un ami philosophe. "Oui, je réponds, mais comment parle-t-on à raison et à droit ?"
      - Si on tentait le coup ? dit Adamsberg. Vous travaillez ? ... ]

Si ces extraits vous ont donné envie d'en savoir plus, d'en lire davantage, alors, courez vous procurer ce bouquin, je suis sûre que vous ne le regretterez pas !

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Commentaires
P
gourmande > si vrailment tu le trouves pas, je te l'envoie, promis :)<br /> <br /> abs > me doutais que c'était cette formule-là que tu retiendrais ;op<br /> <br /> zaza > bienvenue à toi, et bonne lecture :)
Z
Je crois que je les ai tous lus sauf le dernier qui n'est pas encore sorti en poche !<br /> Fred vargas écrit vraiment tres bien et en vaut bien d'autres qui ne font pas dans le polar ! <br /> Je viens de te découvrir, je me donne le temps de tout lire ...<br /> A bientôt
A
un policier avec de l'humour, waouh !<br /> <br /> quand j'aurai terminé ma tonne de retard de lecture (c'est mal et j'en rachete en plus, j'suis masoooo)<br /> je crois que je chercherais l'aveugle beau moi aussi ;o)
G
Voilà ! moi je vais rester sur a faim...comment trouver une librairie sur une île du pacifique ???<br /> c'est un des inconvenients de vivre...au large.<br /> <br /> Bises
S
C'est pas faux Nan'... :o)))<br /> <br /> Ha Pati! comment que tu nous donnes cette envie de le lire ce livre! Ne te reste plus qu'à nous donner le temps pour le faire... <br /> Place ton doigt dans le trou du sablier, ne serait ce qu'un ...Instant... ;o)<br /> Bises bises bises
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