septembre...
Je me souviens de ce jour.
Un de ces jours où tout s'est figé en mémoire comme sur une photo. Un de ces jours qui gardent un goût particulier en bouche, même des années après.
Ce jour-là, je bossais. Il faisait si beau. Un magnifique soleil sur fond de ciel azur. Nous étions absorbés par la livraison en temps et en heure d'un avion client. La radio, comme toujours dans ces cas-là, était branchée sur la tour de contrôle de l'aéroport voisin, autant pour connaître le traffic que pour anticiper un éventuel changement de météo.
Vous savez comment c'est, non ? Vous bossez et ce qui passe à la radio est un vague bruit de fond... Mais vous savez qu'il suffit d'une annonce ou d'un son particulier pour que votre attention soit en alerte...
A 14h30 heures, environ, j'entend qu'un de nos avions s'est vu contraint de faire demi-tour... Le pilote est rageur, vu son ton... Cela ne retient pas trop mon attention. Mais vers 15 h, c'est la totalité de nos avions que les Etats-Unis détournent de leur destinations et ils interdisent tout survol de leur territoire... Allons bon ! c'est quoi, encore cette histoire ?
Le temps de mettre la main sur un poste de radio, de trouver une radio d'infos, les langues vont bon train, dans le bureau... "Encore cette fichue parano" dit un collègue, d'un ton blasé...
Il quitte ce ton à l'annonce du flash d'infos. C'est ahurissant ! On a du mal à y croire, c'est trop énorme, même dans un film, ils auraient trouvé ça "trop"...
Dans la demie-heure qui suit, tout se précipite. A l'aéroport, ils sont submergés de demandes de renseignements de personnes qui ont des proches "là-bas". Ils crient à l'aide. Nos chefs nous disent alors que la Direction fait appel à toutes les bonnes volontés, pour aller donner un coup de main.
C'est ça, de bosser dans une compagnie aérienne... Quand un souci pointe son nez, tout le monde est concerné et personne ne rechigne à se retrousser les manches...
Je décide d'y aller. Là-bas, c'est l'enfer. Les comptoirs sont envahis de passagers paniqués. Ils veulent absolument rentrer chez eux et on le leur interdit ! Ils veulent alors téléphoner, mailer, mais tous les réseaux téléphoniques sont saturés ! C'est une panique sans nom. A chaque flash d'infos, encore plus de cris, de larmes, de crises d'angoisse, de gens à rassurer, à calmer, à consoler, à soutenir.
Les rares qui ont pu joindre leurs proches ont une mine hagarde, quand ils raccrochent. Personne n'ose leur demander de nouvelles... pas la peine, tout se lit sur leurs traits...
Je rentre 3 heures plus tard, harassée, usée, peinée, interloquée. Arrivée à la maison, j'allume la télé et d'un coup, tout ce que je n'ai fait qu'entendre devient brutalement vision. Un cauchemard. Mais ça n'a rien d'une fiction. On est en pleine réalité.
Nous sommes le 11 septembre 2001.
en mémoire aux 2986 victimes du WTC