croire...
Depuis quelques temps circulent sur la bloguosphère des entrées qui parlent de religion. Longtemps, je n'ai pas voulu entrer dans ce débat, ne voulant m'attirer les foudres ni des pours ni des contres.
Et puis après tout, je suis ici chez moi et je cause de ce que je veux, na ! ;)
Je ne crois pas en Dieu.
J'ai pourtant été élevée dans la religion catholique, dans la plus pure tradition familiale. Baptisée, j'ai même été au cathéchisme. J'ai fait ma première communion, bref, j'ai reçu cette éducation particulière qui aurait dû faire de moi une bonne pratiquante... Alors qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ?
En tout premier lieu, je ne l'ai pas choisie, cette religion. Je n'avais pas franchement l'âge de penser, quand cela s'est fait, comme d'ailleurs je suppose, pour bon nombre d'entre vous.
Et puis surtout, il y a certains des préceptes enseignés au cathéchisme que j'ai rejeté en bloc. Car là, soudain, ON me disait comment prier, où, à quelle heure... En même temps, ON me disait que Dieu était omniprésent dans nos vies et dans nos coeurs... Ah bon ? Eh ben alors, pourquoi il ne peut entendre mes questions et prières qu'à heures et endroits fixes ?
Pourquoi avoir besoin d'une église pour communiquer avec Lui, s'il est le créateur de toute chose en ce bas monde ?
Et puis surtout, qu'est-ce que c'était que cette histoire de vierge visité par un ange ? Oui, parce que ma maman en avait eu marre de mes questions insistantes du genre "comment qu'on fait les bébés, dis, moman ?", aussi, quand j'ai eu 6 ans, elle m'a acheté un livre qui m'expliquait tout ça très bien et très clairement, et je me souvenais parfaitement bien que dans ce bouquin, on ne faisait JAMAIS allusion à la nécessaire présence d'un ange pour voir grandir un bébé dans son ventre...!
Or à l'époque (on est en 1970, environ, je le rappelle...), on ne plaisante pas avec les concepts à enseigner... Moralité, je me suis faite virer du cathé pour cause de trop de questions inconvenantes!
Hormis ce côté anecdotique, je suis assez ravie de l'aubaine, je dois l'avouer. Ce curé-là m'a enlevé la moindre once d'envie de participer à ses rites surfaits à mes yeux de gamine (et oui, d'adulte aussi...)
Pourtant, il reste que croire est important à mes yeux. Au moins croire.
Après, à quoi... je pense que c'est affaire de goût.
Depuis de longues années déjà, j'ai pu constater la force incroyable que peuvent avoir des gens croyants face à leurs problèmes. Et plus ces problèmes sont lourds, plus leur force devient grande. Il émane d'eux une sorte de paix que je trouve fascinante.
Je la leur ai enviée très souvent.
J'ai eu, très jeune, à affronter mon lot d'ennuis dans ma vie, plus ou moins graves. Et très tôt, j'ai ressenti la sensation d'un besoin. Besoin de comprendre ce que je foutais là, sur cette Terre, à vivre ma vie, ou du moins à tenter de rester la tête hors de l'eau. Ce besoin a engendré un second besoin, plus fort encore que le premier, plus vital.
Tout ce que je vivais avait, devait forcément avoir une signification, une raison, ne serait-ce que pour le rendre acceptable quelque part... Je devais en tirer des leçons, ça s'est très vite imposé à moi. Mais savoir cela ne le rendait pas plus supportable. Alors ? Alors, j'ai commencé à me renseigner plus avant, sur ces histoires de religion. Etant catholique, j'ai commencé par la Bible.
Oui, je l'ai lue. L'ancien et le nouveau testament. J'y ai trouvé de belles choses, mais rien qui réponde en totalité à mon attente spirituelle. J'ai enchainé avec des textes tirés du Coran, et puis la Thora, le livre des morts égyptien, le boudhisme, le taoïsme, enfin, un peu tout ce que j'ai pu trouver...
Dans tous, j'y ai trouvé de belles notions d'humanité. Mais à force de lire tous ces textes de religions dites différentes, je comprenais de moins en moins cette "guerre des Dieux". Ainsi, toutes ces belles leçons de vie, altruistes, généreuses, tournées vers le don de soi, l'harmonie, amenaient à la guerre, au sang, à l'incompréhension, ? C'était absurde.
Malgré tout, je continuais à penser que croire était la clé de tout. Mais croire en quoi, en qui ?
Et puis ma mère est tombée malade. Vous qui me lisez savez le travail qu'elle a fait, les recherches qu'elle a mené.
Au terme de sa vie, elle aussi ressentait le besoin de se raccrocher à sa foi. J'ai beaucoup parlé avec elle, à ce moment-là. Enormément. Elle me disait sa force de croyance en Dieu, je lui renvoyais mon refus de cet être omniscient, créateur décideur de nos vies.
Je lui ai parlé de mon intéret pour la voie boudhiste, la réincarnation, le poids du karma. Elle me rétorquait que ce qu'ils appelaient karma n'était qu'un autre nom pour Dieu.
Dialogue de sourdes ? Non. Echange de points de vue, échange de curiosités, d'envie, de besoin. Elle me demandait pourquoi ces histoires de réincarnation me plaisaient tant.
Je lui ai expliqué que ce qui me plaisait, là-dedans, c'était cette notion de vivre pour s'améliorer, pour tendre au meilleur de nous-même. Et puis, il y avait aussi cette histoire de seconde chance, finalement, que la personne s'accorde à elle-même. Tu as fais des erreurs dans ta vie ? Alors, recommence ; ne fais plus les mêmes. Apprend. Améliore-toi. Accepte ce que la vie te donne pour ce que c'est : un enseignement. Le plus bel enseignement qui soit : s'apprendre soi-même. Et peut-être qu'un jour, ces leçons-là, tu les apprendras de ton vivant. Et tu trouveras ton équilibre. L'équilibre, c'est mon nirvana à moi, vous voyez.
Ce qui me génait et me trouble encore, dans le catholicisme, c'est la notion de Paradis et d'Enfer. Cette façon de dire aux gens "Allez, acceptez vos épreuves sans coup ferrir, vous serez récompensés dans l'Au-delà. Trimez, ne cherchez pas à comprendre, la vie, la vraie, l'importante, elle est ailleurs..."
Je crois qu'au contraire, la Vie est bien ici-bas. Et qu'il n'est pas permis de la gâcher. Qu'on ne se doit pas de la gâcher. Pour nous.
Et puis ma mère est morte. Elle avait trouvé SA réponse. Celle qui l'avait apaisée. Equilibre encore...
Là encore, j'ai pu voir la force de la Foi. En regardant ma grand-mère voir sa fille mourir, et y survivre quand même. Même pas en colère contre son Dieu. Juste lasse de se voir éprouvée par Lui. Mais il paraît qu'il a ses raisons, que la Raison ne connait pas...
J'en ai retiré ma leçon à moi. Elle est simple, si simple que je ne comprend pas pourquoi elle semble si nébuleuse à tant de gens...
Croire est nécessaire. Nécessaire à l'acceptation du fait que vivre induit mourir. Hors, la mort est la plus lourde des peurs. Croire nous aide à ne plus apréhender ce moment de vie ultime.
Alors, croire en Dieu, en Boudha, en Jehovah, en Mahomet, croire qu'on se réincarnera en bambou ou en vache, croire en soi, au libre-arbitre, au destin, au karma, croire en qui ou quoi que ce soit importe bien peu, finalement.
Seule la force que la croyance nous apporte est importante. Elle nous permet d'apprécier ce qui nous est offert, jour après jour, heure après heure. Elle est le moteur de notre esprit d'aventure, d'apprentissage, notre carburant de vie.
Croire, c'est vivre. Et en être conscient. Tout simplement.