Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les Mots de Pati
6 septembre 2006

croire...

Depuis quelques temps circulent sur la bloguosphère des entrées qui parlent de religion. Longtemps, je n'ai pas voulu entrer dans ce débat, ne voulant m'attirer les foudres ni des pours ni des contres.

Et puis après tout, je suis ici chez moi et je cause de ce que je veux, na ! ;)

Je ne crois pas en Dieu.
J'ai pourtant été élevée dans la religion catholique, dans la plus pure tradition familiale. Baptisée, j'ai même été au cathéchisme. J'ai fait ma première communion, bref, j'ai reçu cette éducation particulière qui aurait dû faire de moi une bonne pratiquante... Alors qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ?

En tout premier lieu, je ne l'ai pas choisie, cette religion. Je n'avais pas franchement l'âge de penser, quand cela s'est fait, comme d'ailleurs je suppose, pour bon nombre d'entre vous.
Et puis surtout, il y a certains des préceptes enseignés au cathéchisme que j'ai rejeté en bloc. Car là, soudain, ON me disait comment prier, où, à quelle heure... En même temps, ON me disait que Dieu était omniprésent dans nos vies et dans nos coeurs... Ah bon ? Eh ben alors, pourquoi il ne peut entendre mes questions et prières qu'à heures et endroits fixes ?
Pourquoi avoir besoin d'une église pour communiquer avec Lui, s'il est le créateur de toute chose en ce bas monde ?

Et puis surtout, qu'est-ce que c'était que cette histoire de vierge visité par un ange ? Oui, parce que ma maman en avait eu marre de mes questions insistantes du genre "comment qu'on fait les bébés, dis, moman ?", aussi, quand j'ai eu 6 ans, elle m'a acheté un livre qui m'expliquait tout ça très bien et très clairement, et je me souvenais parfaitement bien que dans ce bouquin, on ne faisait JAMAIS allusion à la nécessaire présence d'un ange pour voir grandir un bébé dans son ventre...!

Or à l'époque (on est en 1970, environ, je le rappelle...), on ne plaisante pas avec les concepts à enseigner... Moralité, je me suis faite virer du cathé pour cause de trop de questions inconvenantes!
Hormis ce côté anecdotique, je suis assez ravie de l'aubaine, je dois l'avouer. Ce curé-là m'a enlevé la moindre once d'envie de participer à ses rites surfaits à mes yeux de gamine (et oui, d'adulte aussi...)

Pourtant, il reste que croire est important à mes yeux. Au moins croire.
Après, à quoi... je pense que c'est affaire de goût.

Depuis de longues années déjà, j'ai pu constater la force incroyable que peuvent avoir des gens croyants face à leurs problèmes. Et plus ces problèmes sont lourds, plus leur force devient grande. Il émane d'eux une sorte de paix que je trouve fascinante.
Je la leur ai enviée très souvent.

J'ai eu, très jeune, à affronter mon lot d'ennuis dans ma vie, plus ou moins graves. Et très tôt, j'ai ressenti la sensation d'un besoin. Besoin de comprendre ce que je foutais là, sur cette Terre, à vivre ma vie, ou du moins à tenter de rester la tête hors de l'eau. Ce besoin a engendré un second besoin, plus fort encore que le premier, plus vital.
Tout ce que je vivais avait, devait forcément avoir une signification, une raison, ne serait-ce que pour le rendre acceptable quelque part... Je devais en tirer des leçons, ça s'est très vite imposé à moi. Mais savoir cela ne le rendait pas plus supportable. Alors ? Alors, j'ai commencé à me renseigner plus avant, sur ces histoires de religion. Etant catholique, j'ai commencé par la Bible.

Oui, je l'ai lue. L'ancien et le nouveau testament. J'y ai trouvé de belles choses, mais rien qui  réponde en totalité à mon attente spirituelle. J'ai enchainé avec des textes tirés du Coran, et puis la Thora, le livre des morts égyptien, le boudhisme, le taoïsme, enfin, un peu tout ce que j'ai pu trouver...
Dans tous, j'y ai trouvé de belles notions d'humanité. Mais à force de lire tous ces textes de religions dites différentes, je comprenais de moins en moins cette "guerre des Dieux". Ainsi, toutes ces belles leçons de vie, altruistes, généreuses, tournées vers le don de soi, l'harmonie, amenaient à la guerre, au sang, à l'incompréhension, ? C'était absurde.

Malgré tout, je continuais à penser que croire était la clé de tout. Mais croire en quoi, en qui ?

Et puis ma mère est tombée malade. Vous qui me lisez savez le travail qu'elle a fait, les recherches qu'elle a mené.
Au terme de sa vie, elle aussi ressentait le besoin de se raccrocher à sa foi. J'ai beaucoup parlé avec elle, à ce moment-là. Enormément. Elle me disait sa force de croyance en Dieu, je lui renvoyais mon refus de cet être omniscient, créateur décideur de nos vies.
Je lui ai parlé de mon intéret pour la voie boudhiste, la réincarnation, le poids du karma. Elle me rétorquait que ce qu'ils appelaient karma n'était qu'un autre nom pour Dieu.
Dialogue de sourdes ? Non. Echange de points de vue, échange de curiosités, d'envie, de besoin. Elle me demandait pourquoi ces histoires de réincarnation me plaisaient tant.
Je lui ai expliqué que ce qui me plaisait, là-dedans, c'était cette notion de vivre pour s'améliorer, pour tendre au meilleur de nous-même. Et puis, il y avait aussi cette histoire de seconde chance, finalement, que la personne s'accorde à elle-même. Tu as fais des erreurs dans ta vie ? Alors, recommence ; ne fais plus les mêmes. Apprend. Améliore-toi. Accepte ce que la vie te donne pour ce que c'est : un enseignement. Le plus bel enseignement qui soit : s'apprendre soi-même. Et peut-être qu'un jour, ces leçons-là, tu les apprendras de ton vivant. Et tu  trouveras ton équilibre. L'équilibre, c'est mon nirvana à moi, vous voyez.

Ce qui me génait et me trouble encore, dans le catholicisme, c'est la notion de Paradis et d'Enfer. Cette façon de dire aux gens "Allez, acceptez vos épreuves sans coup ferrir, vous serez récompensés dans l'Au-delà. Trimez, ne cherchez pas à comprendre, la vie, la vraie, l'importante, elle est ailleurs..."
Je crois qu'au contraire, la Vie est bien ici-bas. Et qu'il n'est pas permis de la gâcher. Qu'on ne se doit pas de la gâcher. Pour nous.

Et puis ma mère est morte. Elle avait trouvé SA réponse. Celle qui l'avait apaisée. Equilibre encore...

Là encore, j'ai pu voir la force de la Foi. En regardant ma grand-mère voir sa fille mourir, et y survivre quand même. Même pas en colère contre son Dieu. Juste lasse de se voir éprouvée par Lui. Mais il paraît qu'il a ses raisons, que la Raison ne connait pas...

J'en ai retiré ma leçon à moi. Elle est simple, si simple que je ne comprend pas pourquoi elle semble si nébuleuse à tant de gens...

Croire est nécessaire. Nécessaire à l'acceptation du fait que vivre induit mourir. Hors, la mort est la plus lourde des peurs. Croire nous aide à ne plus apréhender ce moment de vie ultime.
Alors, croire en Dieu, en Boudha, en Jehovah, en Mahomet, croire qu'on se réincarnera en bambou ou en vache, croire en soi, au libre-arbitre, au destin, au karma, croire en qui ou quoi que ce soit importe bien peu, finalement.
Seule la force que la croyance nous apporte est importante. Elle nous permet d'apprécier ce qui nous est offert, jour après jour, heure après heure. Elle est le moteur de notre esprit d'aventure, d'apprentissage, notre carburant de vie.

Croire, c'est vivre. Et en être conscient. Tout simplement.

Publicité
Publicité
Commentaires
P
... je vous dis un grand merci à tous !<br /> <br /> et je vais de ce pas faire une courte entrée à ce sujet ! :))
U
Ouuuuups ! J'ai confondu votre blog avec celui de Serge, dslé Pierre ! J'irai faire un tour également sur le vôtre.
U
Merci, Pierre, pour cette réponse mesurée.<br /> <br /> J'ai conscience de ne pas être ici de plain-pied dans le dialogue. Mon discours est en partie formaté, je le sens en écrivant, par mon passage sur des forums cathos.<br /> <br /> Il me semble que l'histoire et la réflexion morale envisagées en toute impartialité plaident en faveur de l'Eglise et donc indirectement en faveur de l'existence de Dieu.<br /> <br /> Mais je suis effectivement sur la défensive. Je m'attendais à un tombereau de critiques, pas à une attitude respectueuse, ouverte, je suis donc effectivement surpris. Pour l'implication personnelle... bof, c'est vrai, j'en ai marre des arguments écrits. J'aime les chrétiens qui agissent et, en ce moment, je n'en suis pas ou peu. Merci encore pour vos remarques.<br /> <br /> Je ne suis bien sûr pas tout à fait d'accord avec vous sur tout ce que vous dites mais sans vous donner complètement raison, je ne vous donne pas non plus complètement tort ! ;-)))<br /> <br /> Votre blog, d'ailleurs, a un titre que je trouve bien sûr intéressant.
P
D'accord, "un visiteur", affirmer qu'on ne saura jamais est aller un peu vite en besogne. J'aurais du dire: "on ne sait pas si on saura un jour".<br /> <br /> Pour le reste, je suis en partie d'accord: l'église est plus souvent accusée que défendue et il règne une certaine "mauvaise foi" à ne mettre en avant que les dérives en omettant toues les aspects positifs. Ceci dit pour moi on est encore dans la confusion parce que le positif de la réligion ne vient pas que du suivi de ses préceptes, mais aussi de ces valeurs humanistes dont je parlais.<br /> <br /> Sont-elles forcément et uniquement d'inspiration chrétienne ? Je pense qu'on peut en douter. Certes le christianisme a donné un essor considérable aux paroles attribuées à un homme nommé Jésus. D'après ce que j'en sais l'existence de cet homme est attestée. On peut aussi raisonnablement croire que nombre de ses paroles ont été dites. Par contre... croire qu'il est "Fils de Dieu" est un tout autre problème. Ses paroles peuvent être reconnues comme "humanistes", sans pour autant que cet homme soit "né de Dieu". C'est là que commence la foi.<br /> <br /> Je ne critique pas la foi, mais la religion quand elle parle "au nom de...".<br /> <br /> Quant aux "arguments" qui poussent à croire, ils ont la même validité que ceux qui poussent à ne pas croire. Selon moi ces arguments n'ont aucun sens. Par contre, argumenter sur les bienfaits ou les méfaits d'une religion c'est possible. Pas forcément utile pour parler de croyances, mais possible.<br /> <br /> Je suis d'accord sur le fait que certains principes religieux peuvent produire des effets très positifs. Mais ils peuvent aussi en produire de très négatifs. Peut-on voir si le bilan est positif ou négatif ?<br /> <br /> D'accord aussi sur le fait que nous sommes imprégnés d'une culture chrétienne, qu'on le veuille ou non. Pas du tout d'accord avec l'idée de "dette envers le Christ", et encore moins "envers Dieu". C'est ce genre de propos, respectables de la part d'un croyant, qui ne peuvent absolument pas toucher l'agnostique ou l'athée. Ce sont des propos de foi, pas des arguments.<br /> <br /> Je ne crois pas que l'exemple du cinéma soit pertinent, ni l'appel au "bon peuple de France" (quelle drôle d'expression !). Le cinéma ne propose pas QUE des héros guerroyants, alors qu'autrefois on parlait AUSSI des héros guerroyants. Ceci est donc une vision partiale.<br /> <br /> Par contre la question de la violence des images et de ses conséquences est sérieuse... mais n'a strictement rien à voir avec la foi, ou Dieu. le discours catastrophistes sur le ton du "c'était mieux avant" ne me semble pas non plus très sensé. Et en tous cas pas objectif. C'est une autre forme de croyance, dénuée d'arguments.<br /> <br /> Tout cela disperse la discussion...<br /> <br /> Par ailleurs je ne crois pas avoir vu ici qu'il était question de "renier les racines chrétiennes".<br /> <br /> Faire du prosélytisme n'est "responsable" que de votre point de vue. C'est une prise de responsabilité, certes, un engagement, mais on ne peut aller au delà. Le regard que vous portez sur les agnostiques, les athées (où même les "bons" seraient quand même un peu mauvais), ou les chrétiens (où même les "mauvais" resteraient quand même bons), est très subjectif. <br /> <br /> Dès qu'on parle de "bien" et de "mal" en l'attribuant à des courants de pensée, on court le risque de se disqualifier très très vite.<br /> <br /> En fait vous défendez l'église, mais je ne sens ni réelle ouverture, ni implication personnelle. C'est un peu regrettable...
U
Bonsoir Pierre,<br /> <br /> "On ne sait pas" : je suis d'accord !<br /> "On ne saura jamais" : je le suis moins !<br /> <br /> Dieu lui-même a voulu se faire connaître d'après les trois religions monothéistes, Il s'est révélé, ce qui autorise à en parler au moins un peu, non ? A part ça, bien sûr, je ne suis pas non plus dans la confidence.<br /> <br /> "Prosélytisme" : c'est très difficile d'exprimer ce qu'on pense sans en faire, de proposer sans imposer. Afficher son agnosticisme, c'est aussi une forme de prosélytisme, c'est aussi chercher à convaincre !<br /> <br /> Ce que je veux montrer, c'est qu'il y a des arguments qui poussent à croire, pas que des arguments qui poussent à ne pas croire. C'est que la raison est partie prenante de la foi même s'il n'y a effectivement pas de preuve. C'est que l'on ne croit pas contre la raison, mais avec, au moins, certaines raisons, et pas que des mauvaises. Ca laisse libre de croire ou de ne pas croire.<br /> <br /> Le déséquilibre de mes propos vient du sentiment que j'ai que l'accusation de l'Eglise s'exprime largement de nos jours, rarement la défense. On réduit le discours sur la foi aux questions de l'avortement, du préservatif, etc., alors que c'est très secondaire, même si ça n'est pas étranger à la foi.<br /> <br /> Vous parlez par exemple du "principe d'amour et de fraternité humaine", qui pourrait se passer de Dieu. Mais pour moi, c'est gros comme le nez au milieu de la figure que ce principe a objectivement, historiquement, pris son envol et toute sa dimension à partir du christianisme ! Notre souci des victimes vient de 2000 ans de méditation de la croix du Christ, remplacée aujourd'hui par la méditation du génocide hitlérien. Pour moi, l'athéisme est une forme moderne d'ingratitude, une vision tronquée de l'histoire pour ne pas reconnaître notre dette immense envers le Christ et à travers lui envers Dieu.<br /> <br /> Prenons le cinéma : autrefois, jusqu'au XIXe siècle, le bon peuple de France méditait constamment la vie des saints. C'était même un orgueil national que la France en ait produit autant. Aujourd'hui, le cinéma fourmille de héros violents que nous admirons, qui tuent les méchants avec notre bénédiction, mais les vies des saints ont presque totalement disparu de notre paysage culturel. Ce n'est pas sans conséquences. Les saints valent mieux que les héros modernes. Toute cette violence dont nous nous délectons nous retombera un jour sur la figure, dans une ou deux générations, peut-être, lorsque le frein que représente le petit peu de culture religieuse qu'il nous reste aura presque complètement disparu. Il y a de la place en France pour soixante millions de saints mais pas pour soixante millions de héros. On est saint avec les autres alors qu'on est un héros parce que les autres ne le sont pas. Notre univers est secrètement archi-concurrentiel. Et nos rivalités de prestige nous empêchent et nous empêcheront toujours de travailler ensemble au bien commun.<br /> <br /> Et ce n'est qu'un exemple. Je pense que le reniement de nos racines chrétiennes nous conduira à des crises graves s'il se poursuit. Pati ou Serge, vous êtes trop imbibés de culture chrétienne pour deviner le manque qu'elle pourra représenter lorsqu'elle ne sera plus ou presque plus. Vos enfants ou vos petits-enfants seront probablement bien plus destructurés que vous ne l'imaginez si vous ne leur en transmettez que des bribes.<br /> <br /> Faire un peu de prosélytisme me paraît responsable. C'est proposer, avec une meilleure vision de qui est Dieu, sans prétendre répondre pour autant à toutes les questions, les repères qui vont avec, que l'athéisme ou l'agnosticisme, à mon avis, ne parviendront pas à sauver parce que le rapport à la bonté de ces deux courants de pensée est trop aléatoire. Il y a des athées et des agnostiques très moraux et d'autres qui mettent la morale et la religion dans le même sac, qui mettent les deux ensemble à la poubelle. Alors que le mauvais chrétien sait forcément ou presque que son comportement contredit sa religion, le mauvais athée ou agnostique ne contredit pas ou peu ses convictions en se comportant mal. Il suit son bon vouloir ou ses mauvais maîtres. Ses convictions ne s'y opposent pas, seulement sa conscience, mais il est facile d'aller contre, de l'aveugler. Il est plus facile de mal agir avec bonne conscience, ou sans trop de mauvaise conscience, dans l'athéisme ou dans l'agnosticisme, je pense, que dans le christianisme, qui rend, lui, la morale obligatoire, sans pour autant l'imposer.<br /> <br /> Allez. Discours encore très apocalyptique, ce soir ! J'espère me tromper.<br /> <br /> Le mal est souvent une aventure collective : "tous contre un". Pourquoi le bien devrait-il demeurer, lui, dans la sphère privée ? Et la religion (chrétienne), pour moi, malgré ses (rares, en réalité) dérives, fait partie du bien.<br /> <br /> A +
Publicité
Publicité