réflexion du soir...
Hier soir, j'ai lu une entrée très intéressante sur le blog, l'excellent blog d'AlainX. Elle s'appelle "Adieu jeunesse"...
Or il se trouve qu'hier, j'ai été à la blog party de Giant panda. Une soirée... dingue. Partie avec Nan' et Elle-groggy, nous avons rejoint Feuille, Zel, qui était accompagné de tinou, et d'une grosse deux centaines d'autres blogueurs, tassés à mort dans (et hors) d'un café de Paname...
Bonne soirée, vraiment. Parce que j'étais avec des amis, essentiellement. Pour le reste, comment dire... ça a été une expérience digne d'intérêt, ça, oui ! J'y ai vu quelques blogueurs que je lis de temps à autre, dont Giant panda, et j'étais contente de mettre un visage sur leurs mots...
Mais ce que j'ai surtout vu, c'est une masse de gens, parfaitement inconnus, mais qui étaient tous là pour la même chose : ils avaient répondu à l'invitation d'un blogueur.
J'y ai vu à peu près tous les âges, les modes, les styles possibles et imaginables, et d'autres encore... on m'a gentiment offert un badge et un de ces bracelets qui brillent la nuit, j'ai trinqué au champagne avec ma coupine Nan', pour ses trente ans, comme ça, entre deux bulles et un clin d'oeil juste entre nous... et à un moment, je n'ai pas pu m'empécher de "décoller".
Oui, il m'arrive très souvent, dans une soirée qui réunit plus de 4 ou 5 personnes, de devenir plus spectatrice qu'actrice... je me met à détailler les gens qui m'entourent, je les regarde évoluer, parler, rire, danser, faire la fête... J'ai en général, un petit sourire vissé au coin de mes lèvres, j'ai l'air d'être là mais je suis à des années-lumières de réellement entendre, voir ces gens qui m'entourent... Qu'ils soient des amis vrais, connus de longue date, ou de parfaits inconnus comme hier ne change rien à l'affaire ! Je ne peux m'empécher d'observer, de me mettre en retrait... je déconnecte, pour mieux voir.
Alors hier soir, la foule massée en bloc compact autour de l'animateur de la soirée, et donc de moi car nous n'étions pas loin des platines qu'il a mixé pour nous avec talent (dieu merci, il avait les mêmes goûts musicaux que moi ! ;op ), a accéléré ce processus. J'ai continué à parler avec mes amis, à écouter la musique, j'ai même rythmé en cadence certains morceaux, mais j'étais comme dédoublée.... une partie de moi faisait ces choses, l'autre analysait ce qui m'entourait...
Et c'était un spectacle tout à fait étonnant.J'ai vu des jeunes, très jeunes, des moins jeunes, j'ai même croisé quelques vieux de mon genre (peu...), j'en ai même vu un beaucoup plus vieux que moi, si si ! Mais tous avaient un point commun.
Leur blog, me direz-vous ? Oui, bien sûr... mais non, c'est d'autre chose dont je parle... Tous regardaient, épiaient leurs voisins, histoire de tenter de deviner quel blog se cachait peut-être derrière ce corps dansant, ou ce visage souriant, sous cette crinière rousse ou cette brosse à la Luc Besson ( ;op ). Tous, sans exception. Moi compris, donc... jusqu'à ce que je déconnecte.
car là, je n'ai plus vu que ces gens, que je ne connaissais pas, qui tenaient un blog, comme moi, qui eux aussi ne connaissaient pas grand monde, qui restaient en bulle, en cercles intimes, tout plein de cercles intimes qui se sont fort peu mélangés, finalement...
J'en ai vu que auraient fait n'importe quoi pour se faire remarquer du dieu panda, d'autres qui se faisaient plus petits que leur ombre... d'autres qui s'amusaient, simplement, joyeusement, d'autres qui n'étaient là que pour pouvoir dire qu'ils y étaient... j'en ai vu danser, boire, chanter, se taire, partir, revenir... j'en ai vu à l'aise comme des poissons dans leur eau, d'autres qui mourraient d'envie de se sauver... j'ai reçu en quelques heures un masse émorme d'informations.
J'en ai finalement retenu deux.
J'étais heureuse d'être là avec mes amis, heureuse de passer une soirée en leur compagnie, heureuse que cette blog party ait été le prétexte à les revoir. Heureuse d'avoir papoter avec ma nan' durant tout le trajet de retour dans ma campagne, heureuse ensuite de la retrouver, ma campagne, ô que oui !
Parce que la seconde info à retenir était que tout du long, j'avais pensé "ils" et pas "nous"...
Alors, je me suis pensée, tranquillement :" tout ça n'est plus de ton âge, ma Pati.".
Oh j'en vois certaines sursauter sur leur chaise bloquée devant leur pc, là ! Mais oui, je confirme, ce n'est plus de mon âge.
Ce que je veux dire, c'est que j'ai vieilli, que mes goûts ont évolué, qu'aujourd'hui je préfère nettement des soirées plus calmes, où l'on peut se parler, les yeux dans les yeux, sans être obligé de hurler ses mots, ou de parler en langage des signes pour se faire comprendre...
J'ai vieilli et je l'accepte. Mes goûts ont changé et je l'accepte.
En rentrant de cette bonne soirée, j'ai eu l'envie de calme, le besoin de décompresser un peu, avant d'aller dormir. J'ai donc été vous lire, mes amis liés... et c'est ainsi que je suis tombée sur l'entrée d'AlainX, qui dit : je suis vieux et je n'aime pas ça.
Amusant, hein, ces raccourcis que nous offre parfois la vie... Le voilà qui venait d'expérimenter très exactement ce à quoi je pensais à l'instant ! J'ai laissé chez lui un long commentaire mais j'ai eu l'envie de le prolonger ici...
Vieillir. Un mot que je n'ai jamais lié à moi, jusqu'à il y a peu... Durant toute ma vie, j'ai vécu la mort de mes proches, elles ont été nombreuses, très nombreuses, ces coupures franches dans mes amours, mes amitiés, mes connaissances, ma famille. Moi-même, je ne me projetais pas dans ce qu'on appelle pudiquement le troisième âge, persuadée que je serais morte bien avant de l'atteindre. Ma meilleure amie, quand nous avions une vingtaine d'années, nous imaginaient toutes les deux, telles deux vieilles commères, elle assise dans un fauteuil confortable, et moi dans un rocking-chair chair, un chat sur mes genoux, en train de radoter sur les derniers cancans du coin. Je riais avec elle, surenchérissais de même, mais au fond de moi, je la voyais bien dans son fauteuil, mais seule, sans moi à ses cotés. Dans ma vie, on ne vieillissait pas. On mourait.
N'y voyez pas une peur de la vieillesse, accompagnée de ses inséparables, la douleur et la décrépitude irréversible du corps. Non, ça, je connaissais déjà, en fait. ça ne pouvait pas me faire peur, c'était déjà mon quotidien...
Non, juste, je ne me projetais pas si loin dans le temps, je n'avais PAS le temps, tout bêtement. Pendant des années, j'ai vécu pressée par le temps, persuadée de ma mort jeune.
Et puis, il y a aujourd'hui. Et aujourd'hui, je commence à me dire que peut-être bien qu'un jour, je cancanerai avec ma copine, avec un chat sur mes genoux et un châle en laine des Pyrénées sur mes épaules. Je cuisinerai pour mes petits-enfants, pour ma famille, pour mes quelques rares amis qui seront encore de ce monde... Peut-être me rappellerais-je de ce soir de septembre, où j'avais assisté à une Blog-party, à Paris... Peut-être que je serai obligée d'expliquer ce qu'était une party... et un blog...
Et tout ça, je l'accepte.
J'ai bientôt 47 ans. Bientôt, je vivrai des choses que ma mère n'aura pas vécu... bientôt, je serai plus vieille qu'elle... très bientôt, même. Ça, je ne sais pas comment je vais le vivre. Mais j'accepte que ça m'arrive. Je n'ai pas peur de me voir des rides au coin des yeux, pas peur de voir mon corps de tasser, s'affaisser, s'enrober d'un peu plus de graisse, devenir flasque et douloureux. Pas peur qu'un jour, je me sente trop fatiguée pour continuer la route. Pas peur non plus qu'un jour, ou une nuit, je meure. Pour de bon, cette fois-ci...
Je pourrais me sentir plus pressée que jamais de faire ce que je veux faire, voir ce que je veux voir, apprendre ce que je ne connais pas encore... Mais non. Je sais que j'aurai le temps qu'il me faut. Pour faire ce que j'ai à faire.
Je sais que je continuerai à écrire, tant que mes doigts pourront tenir un crayon, ou tapoter sur un clavier...
Je sais que je continuerai à rencontrer des gens, et que ça me comblera de joie.
Je sais que je verrai mûrir ceux qui me sont chers, et j'en serai fière pour eux.
Je sais que ma curiosité ne mourra qu'avec moi, et que dans le plus profond de moi, je me sentirai encore avec l'âme de mes trente ans...
Je sais enfin que je vais continuer à apprendre, et j'ai hâte de m'emplir de ce nouveau savoir.
Enfin, je sais qu'un beau matin j'apprendrai mon ultime leçon et que je la garderai pour moi ;)
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