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Les Mots de Pati
6 juin 2008

au revoir, PP...

Paroles Plurielles a fermé ses portes mercredi dernier. fin d'une belle aventure d'écriture. trois ans de vie et de récits variés, c'est une réussite, c'est une évidence. merci à son animatrice, Coumarine.

Pivoine a posé un des textes qu'elle avait écrit pour PP, en hommage. je vais faire de même, car je trouve que c'est une jolie façon de dire au revoir à cet atelier qui nous a apporté beaucoup, à nous, écrivants participants. j'ai choisi la même consigne que Pivoine, voici donc un texte écrit le 24 mars 2006.

********
Une belle journée.

Ils sont entrés, se sont assis bruyamment autour de la table massive, comme des conquérants de l'ère moderne...
Le car était arrivé la veille au soir, chargé de sa cargaison de touristes allemands. Des jeunes, beaucoup, et quelques vieux comme elle. Ils avaient pris, depuis, possession des lieux, s'invectivant dans les couloirs... Le silence de la nuit avait régulièrement volé en éclats de rire, plus ou moins étouffés...
Et là, à l'heure matinale du petit déjeuner, ils prenaient possession de la table d'hôtes, faisant glisser les bols d'argile pastels sur la surface patinée par les ans, et se jetaient sur le pain frais et les confitures maison.
La vieille, assise près de l'âtre immense de la cheminée ronflante, les observe du coin de l'oeil. Elle n'est qu'un mur de réprobation silencieuse. Regarde-moi ces gens, ils sont déjà chez eux, pense-t-elle en sirotant son café noir. Elle n'aime pas les touristes, en règle générale ; eux, en particulier. Ce n'est pas la première fois que sa fille réserve maison d'hôtes, pour ces gens-là, mais rien à faire, elle ne s'y fait pas.
Pauvre de moi, qui suis obligée de vous supporter.. ah si seulement elle avait pu engranger un peu plus d'économies, elle ne serait pas obligée d'ouvrir sa maison à tous ces étrangers... Et cette obligation la rend plus amère encore. Enfin... ils seront partis demain, va! tu ne vas pas tourner vinaigre pour eux, allons! ignore-les, c'est tout.
Elle se lève lourdement, son bol vide à la main. Elle est tellement courbée sur sa canne, qu'on la dirait sculptée par le souffle des ans...
Un couple la regarde, sourit gentiment sur son passage, et lui dit quelque chose qu'elle ne comprend pas, mais qui semble être un bonjour compatissant.... Elle a la pitié en horreur, surtout venant d'eux, ces étrangers qui avaient tenté déjà, de lui voler sa terre... Elle relève difficilement la tête, voulant les clouer sur place de son regard glacé, dont elle a le secret... mais là, soudain, c'est elle qui est clouée au sol!
Non, c'est pas possible!
Elle reste là, statufiée. Ses pieds refusent de bouger davantage, la condamnant à faire face à ce visage sorti de son passé... Il est juste derrière ce maudit couple, il grignote une large tartine, à petits coups de dents méticuleux... Elle doute encore. Ça fait si longtemps, elle doit se tromper, il est sûrement mort, depuis... Pourtant, ce profil taillé au couteau... ces yeux de fouine, ce regard... Elle sent presque le cigare qui ne quittait jamais ses lèvres! Elle n'a pas oublié, c'est son passé qui la gifle à toute volée.
Voilà qu'il la regarde, maintenant! Evidemment, plantée là comme une andouille sur son clou, elle attise la curiosité du groupe, qui, petit à petit, a fait silence... Le couple aussi s'est tu, impressionné par l'attitude figée de la vieille, et par ce grain de folie pure, au fond de ses yeux. Ou est-ce... de la peur ?

Personne ne comprendra pourquoi cette vieille femme s'est brutalement ruée sur un touriste, en hurlant des paroles incompréhensibles, toute à sa rage de l'atteindre, ses vieilles mains tendues vers lui... Le temps de réagir, et de se lever pour la ceinturer, elle est tombée inanimée, sur les vieilles tommettes rouges... Sa tête a violemment frappé le sol dur et froid ; elle ne bouge plus, pauvre chose recroquevillée à leurs pieds...
L'homme s'est levé lui aussi, interpellé par ce qu'il a pu lire, dans les yeux de la vieille... pas de la peur, non, sûrement pas. Mais de la haine, pur bloc de haine compacté dans un regard.
Il s'approche d'elle, se penche. Les autres ne voient pas les chiffres tatoués, qu'il regarde sur la vieille. L'homme se relève sans un mot, et s'éloigne lentement vers la porte. Dehors, il allume un des cigares qu'il affectionne depuis toujours... Un sourire narquois naît sur ses lèvres...
Finalement, ce sera une belle journée

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Commentaires
P
kaléidoplumes n'est pas un blog, c'est un forum. et il n'est pas privé. tout le monde peut y accéder. mais seuls les inscrits peuvent y écrire.<br /> donc en clair, les textes sont visibles 'en lecture seule"... ;)<br /> <br /> tu peux lire les textes de chaque participant en allant cliquer sur les titres des textes de la rubrique qui s'appelle "atelier d'écriture"<br /> <br /> par contre, pour participer toi-même, tu dois simplement aller dans la rubrique :"comment participer" et écrire un petit message pour te présenter. ensuite, Cassymary, qui est l'admin des lieux, te créera ton compte sur ce forum.<br /> <br /> va ici : http://kaleidoplumes.forumpro.fr/comment-participer-f9/vous-souhaitez-participer-a-notre-forum-t2.htm<br /> <br /> tu verras, tout y est très bien expliqué.
B
(j'ai été voir Kaleïdoplume et vraiment je ne comprends pas comment ça fonctionne, je ne vois pas les textes, est-ce un blog privé ?) j'ai souvent participé à PP et j'ai apprécié ce blog ça va me manquer je cherche un autre qui soit aussi ouvert. Peux-tu m'aider ?)
C
Rhaaa, mince, t'es douée quand même :)<br /> <br /> Vivement le bouquin :)<br /> <br /> Mais si PP n'est plus, on aura donc plus droit à tes écrits ? Faut vous trouvez un autre truc dans le même genre ;)
J
C'est tres fort, comme texte! terrifiant.<br /> C'est vrai que PP a inspire son lot d'histoires a glacer les sangs!!
P
Ton fils aussi écrivait des textes très durs, très forts. Comment va-t-il au fait ? Et le petit dernier???
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