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Les Mots de Pati
28 janvier 2010

Le bonheur des autres...

Il y a des moments dans la vie, plus difficiles que d’autres à traverser.
Il y a des moments dans la vie, où être différent est un crime.
Il y a des moments dans la vie, où la différence, qui pourtant est à mes yeux synonyme de richesse, devient une tare aux yeux des autres.

Je viens de traverser un de ces moments.

Ça fait longtemps que je suis consciente de ne réagir que très rarement comme tout le monde. C’est sûrement dû à ce que j’ai traversé, vécu, et appris dans ma vie.
Mes erreurs et mes accidents de parcours, tout comme les bons moments, m’ont appris certaines choses, sur moi. Ces choses ont construit ce que je suis, aujourd’hui.

Aujourd’hui, je refuse de taire ce que je ressens. Que ce soit du bon ou du mauvais, l’expérience m’a appris qu’il vaut toujours mieux communiquer sur ses ressentis, plutôt que de les laisser végéter au fond de soi. J’ai appris que c’est du partage, et de la confrontation de nos différences, que nait la tolérance. Et donc, que sans nos différences, nous ne saurions avancer sur le chemin de la connaissance.

Aujourd’hui, je peux affirmer que je ne connais pas certaines des émotions humaines.
Comme la jalousie, par exemple.
Comme le sentiment d’abandon, ou d’exclusion, qui peut naître d’un simple constat du bonheur des autres.
Moi, je me réjouis du bonheur des autres. Toujours.
Parce que je sais combien il est rare de pouvoir vivre, en conscience, de tels moments. J’irais même plus loin, j’aime lire, découvrir ce que les autres ont vécu. C’est une façon pour moi de partager un petit peu de leur félicité. Je n’en développe aucun sentiment de rejet, ou d’envie. Je me dis juste qu’il est bon de voir que les gens savent encore prendre du plaisir à la découverte de l’autre, et de sa richesse.

Or, j’oublie à chaque fois qu’il n’en est pas de même pour tous.

Il y a des gens qui considèrent que cela ne les regarde pas, et ne voient donc pas l’intérêt de partager publiquement quelque chose qui leur échappe. C’est tout à fait honorable. Ceux-là ne condamnent pas, et le fait qu’ils ne se sentent pas concernés ne les empêche pas de se féliciter pour les autres du bonheur partagé.

Mais il y a des gens qui n’aiment pas qu’on leur balance le bonheur des autres en pleine face.
Il y a des gens que la joie d’autrui exclue, emprisonne dans une envie négative, frustrante.
Il y a des gens qui ne supportent pas de ne pas faire partie de…
Ces gens-là crient au scandale, quand ils ont le malheur de tomber sur le récit d’une rencontre heureuse, sereine, pleine de partage et de joie simple.
Ces gens-là vont vous expliquer clairement qu’ils n’ont pas de temps à perdre avec le manque de pudeur de ces « nantis » (et le feront en vous l’expliquant par écrit, pendant des pages et des pages…)
Ces gens-là clament haut et fort, qu’il est totalement indécent d’étaler ainsi publiquement ce qu’ils considèrent comme relevant du domaine privé (mais citent publiquement ce qui leur a été confié entre quatre yeux)

Privé, oui, c’est bien le mot.

Visiblement, la joie des autres les prive du luxe de se complaire dans la grisaille de leurs propres marasmes.
Visiblement, la joie des autres souligne leur incapacité profonde à l’humilité. Et au partage.
Visiblement, la joie des autres renforce leur propre souffrance.
Visiblement, ces gens-là sont bien à plaindre…

Je n’ai pas répondu à leurs attaques. J’ai failli, car elles m’ont blessée, par leurs insinuations diffamatoires.
Mais je ne suis pas comme eux. Et pour le coup, j’en suis bien heureuse !
Personnellement, je me refuse à envenimer une situation qui pue déjà bien trop le poison.
Et personnellement, je les plains.
Car ils sont handicapés. Par un sentiment d’abandon que je ne connais pas, grâce à Dieu.

Je leur souhaite de résoudre leurs failles, et panser efficacement leurs plaies.
Je leur souhaite d’être un jour capables de donner à l’autre, sans rien en retour. Juste pour le plaisir de partager.

Et je leur souhaite un jour d’être capables d’accueillir l’autre dans sa différence et sa complexité, sans plus juger ni condamner. Le cœur et l’âme ouverts à ce qui ne leur ressemble pas.

Car c’est comme ça qu’on avance sur le chemin de nos vies.

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Commentaires
G
Bonjour, merci pour cet article en forme de confession.. Moi aussi je me suis intérrogé sur la nécessité pour l'homme de faire exclusivement le bonheur des autres (presqueà à son détriment) ou au contaire sa liberté de suivre un chemin égoïste et Carpe Diem. Meme si j'essaie de démêler un peu cette question dans mes articles, la question reste entière..
G
Ce que dit Alain me parle, parce que j'ai expérimenté moi aussi que même si je suis capable de me réjouir du bonheur des autres, qui ne m'enlève rien, à moi, eh bien il a pu arriver que ce bonheur-là me rappelle douloureusement que je ne l'avais pas, moi, ce bonheur ! Qu'il était perdu, enfui, et qu'il me manquait terriblement. Que je n'attendais qu'une chose, qu'il revienne. Alors ce mélange terrible de joie pour eux et de manque pour moi, c'est très compliqué à gérer quand on est émotionnellement fragile. C'est pourquoi je pense que le bonheur est une chose à ne pas étaler. C'est personnel, on peut le partager avec ceux qui ne risquent pas d'en prendre ombrage, mais il y aura toujours des gens à qui le bonheur fera mal à voir s'ils n'en ont pas en eux. C'est le soleil qui fait mal aux yeux de qui vit dans l'ombre. <br /> Le bonheur d'autrui me fait plaisir quand il me rappelle le mien: dans ce cas je peux partager, sur le mode de "Qu'est-ce qu'ON est heureux !"<br /> Quand je suis malheureuse, je sais que c'est égoïste, mais je suis incapable de me réjouir que tu aies un gâteau alors que je crève la dalle, moi ! ;o)<br /> <br /> Pour faire la part des choses, je crois qu'il faut avoir un très bon équilibre, et pour ça, il faut être très au clair avec soi-même. La plupart des gens n'ont guère eu l'occasion de se METTRE très au clair avec eux-mêmes...
P
"la question est, peut-on toujours faire étalage de son bonheur devant TOUS les autres ?<br /> Pour se réjouir du bonheur de l'autre, ne faut-il pas un minimum en avoir une parcelle au fond de soi ? ne pas être dans sa propre détresse."<br /> <br /> alain, je ne sais pas pour TOUS les autres, mais pour ma part, j'ai toujours été capable de me réjouir de la joie des autres, même au plus profond de la mouise. je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas, d'ailleurs. qu'est-ce que ça change, d'être dans la merde ? à cause de ça, j'en perdrais le recul nécessaire pour faire la part des choses ? ben écoute, c'est fort possible, mais ce n'est pas mon cas. et je ne pense pas être si "particulière" que ça.<br /> <br /> quand à l'image du cimetière, je suis d'accord avec toi... néanmoins, ce dont je parle n'a pas cette portée-là et n'est pas franchement comparable, du moins je l'espère ;)))
A
la question est, peut-on toujours faire étalage de son bonheur devant TOUS les autres ?<br /> Pour se réjouir du bonheur de l'autre, ne faut-il pas un minimum en avoir une parcelle au fond de soi ? ne pas être dans sa propre détresse.<br /> Aimer les autres suppose de ne pas leur infliger ce qu'ils ne peuvent supporter,y compris notre bonheur.<br /> on ne peut pas tout dire, tout le temps, à tout le monde...<br /> la sagesse populaire l'a bien compris depuis longtemps...<br /> <br /> peut-on rire, pique-niquer, s'amuser dans un cimetière, alors que passe un enterrement...<br /> Après tout, ils n'ont qu'à venir faire la fête avec nous !<br /> mais, naturellement on fait silence, et on va même s'excuser de ne pas avoir vu la peine des autres...
M
Oui, quelque part, je reste aussi attristée par ce genre de choses... Voilà pourquoi il est aussi dur parfois d'assumer l'écriture. Ou le partage par l'écriture. Vraiment attristée. Je voudrais tellement que tout le monde soit heureux autour de moi... (Là, je crois que c'est loupé !!!) Chez moi, la colère est un sentiment fugace. Par contre, la tristesse reste...
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