Le bonheur des autres...
Il y a des moments dans la vie, plus difficiles que d’autres à traverser.
Il y a des moments dans la vie, où être différent est un crime.
Il y a des moments dans la vie, où la différence, qui pourtant est à mes yeux synonyme de richesse, devient une tare aux yeux des autres.
Je viens de traverser un de ces moments.
Ça fait longtemps que je suis consciente de ne réagir que très rarement comme tout le monde. C’est sûrement dû à ce que j’ai traversé, vécu, et appris dans ma vie.
Mes erreurs et mes accidents de parcours, tout comme les bons moments, m’ont appris certaines choses, sur moi. Ces choses ont construit ce que je suis, aujourd’hui.
Aujourd’hui, je refuse de taire ce que je ressens. Que ce soit du bon ou du mauvais, l’expérience m’a appris qu’il vaut toujours mieux communiquer sur ses ressentis, plutôt que de les laisser végéter au fond de soi. J’ai appris que c’est du partage, et de la confrontation de nos différences, que nait la tolérance. Et donc, que sans nos différences, nous ne saurions avancer sur le chemin de la connaissance.
Aujourd’hui, je peux affirmer que je ne connais pas certaines des émotions humaines.
Comme la jalousie, par exemple.
Comme le sentiment d’abandon, ou d’exclusion, qui peut naître d’un simple constat du bonheur des autres.
Moi, je me réjouis du bonheur des autres. Toujours.
Parce que je sais combien il est rare de pouvoir vivre, en conscience, de tels moments. J’irais même plus loin, j’aime lire, découvrir ce que les autres ont vécu. C’est une façon pour moi de partager un petit peu de leur félicité. Je n’en développe aucun sentiment de rejet, ou d’envie. Je me dis juste qu’il est bon de voir que les gens savent encore prendre du plaisir à la découverte de l’autre, et de sa richesse.
Or, j’oublie à chaque fois qu’il n’en est pas de même pour tous.
Il y a des gens qui considèrent que cela ne les regarde pas, et ne voient donc pas l’intérêt de partager publiquement quelque chose qui leur échappe. C’est tout à fait honorable. Ceux-là ne condamnent pas, et le fait qu’ils ne se sentent pas concernés ne les empêche pas de se féliciter pour les autres du bonheur partagé.
Mais il y a des gens qui n’aiment pas qu’on leur balance le bonheur des autres en pleine face.
Il y a des gens que la joie d’autrui exclue, emprisonne dans une envie négative, frustrante.
Il y a des gens qui ne supportent pas de ne pas faire partie de…
Ces gens-là crient au scandale, quand ils ont le malheur de tomber sur le récit d’une rencontre heureuse, sereine, pleine de partage et de joie simple.
Ces gens-là vont vous expliquer clairement qu’ils n’ont pas de temps à perdre avec le manque de pudeur de ces « nantis » (et le feront en vous l’expliquant par écrit, pendant des pages et des pages…)
Ces gens-là clament haut et fort, qu’il est totalement indécent d’étaler ainsi publiquement ce qu’ils considèrent comme relevant du domaine privé (mais citent publiquement ce qui leur a été confié entre quatre yeux)
Privé, oui, c’est bien le mot.
Visiblement, la joie des autres les prive du luxe de se complaire dans la grisaille de leurs propres marasmes.
Visiblement, la joie des autres souligne leur incapacité profonde à l’humilité. Et au partage.
Visiblement, la joie des autres renforce leur propre souffrance.
Visiblement, ces gens-là sont bien à plaindre…
Je n’ai pas répondu à leurs attaques. J’ai failli, car elles m’ont blessée, par leurs insinuations diffamatoires.
Mais je ne suis pas comme eux. Et pour le coup, j’en suis bien heureuse !
Personnellement, je me refuse à envenimer une situation qui pue déjà bien trop le poison.
Et personnellement, je les plains.
Car ils sont handicapés. Par un sentiment d’abandon que je ne connais pas, grâce à Dieu.
Je leur souhaite de résoudre leurs failles, et panser efficacement leurs plaies.
Je leur souhaite d’être un jour capables de donner à l’autre, sans rien en retour. Juste pour le plaisir de partager.
Et je leur souhaite un jour d’être capables d’accueillir l’autre dans sa différence et sa complexité, sans plus juger ni condamner. Le cœur et l’âme ouverts à ce qui ne leur ressemble pas.
Car c’est comme ça qu’on avance sur le chemin de nos vies.