sous un voile de coton
Photo prise ici
J'ai une drôle de sensation, en ce moment.
Difficile à mettre en mots. C'est assez diffus, flou. Une impression en demi-teinte.
Bien sûr, je pourrais mettre ça sur le compte de mes deux jours de fièvre intense, clouée au lit, à dormir parce qu'incapable de faire autre chose. Bien sûr, ça pourrait venir de cette impression que je ne supporte pas le plus petit microbe, en ce moment, que la moindre attaque me fout à terre.
Me dire que j'ai bientôt 50 ans, que je rajeunis pas, tout ça... sauf que c'est pas ça, je le sais bien.
Je ne peux même pas me dire que ça vient de soucis dans mon couple, ou familiaux. Parce qu'en ce moment, je dirais plutôt que tout est joliment coloré de rose, de ces périodes fastes où on n'a rien à raconter, où tout glisse sans heurt...
Sauf que tout me gonfle. Le train-train me gonfle. Mais les changements aussi. Voir du monde me gonfle. Mais être seule tout pareillement. Même me foutre à mon roman m'emmerde, c'est dire...
Je suis bien obligée de reconnaître là les symptômes d'un mal familier. Ma déprime d'automne comme je la surnomme. Sauf qu'elle se pointe avec un peu de retard, cette année. D'où peut-être ma surprise de la voir se pointer, comme si de rien était...
Voir ces méchants anniversaires pointer leur nez, comme tous les ans, me submerge chaque année d'une vague puissante de mélancolie, de tristesse, de fatigue intense.
De fatigue de la vie, j'entends.
Parce qu'on n'a jamais le temps, dans la vie, c'est bien connu. Il faut courir, sans cesse. Du taf en courses, des courses aux fourneaux, de la cuisine aux devoirs du petit, d'un moment bref de calme à l'écoute des proches qui sont autant dans la merde que moi, sauf que c'est la leur, ça change un peu...
Marre, quoi.
Envie de fourrer ma tête dans un trou et ne la ressortir que dans deux mois, minimum. Parce que ce sera toujours deux mois de rien. Sans ressenti morose, sans ressenti du tout.
Autour de moi, on s'étonne. Comment, moi si forte, moi qui ai survécu à tant et tant, une méchante petite déprime me ferait plier ? meu non, allez, bouge-toi !
Ben non, pas envie de bouger. Pas envie non plus d'expliquer.
Surtout quand les efforts que je fais pour communiquer, quand on me le demande expressément, quand j'essaie d'expliquer où ça coince, chez l'autre, parce que je le vois, me demande pas pourquoi, je le vois, comme le nez au milieu de la figure je le vois. quand ces efforts pour que l'autre comprenne, donc, tombent dans un puit de déni plus grand que les plus profonds des abysses. Fatigue.
Alors bon. Je vais encore une fois laisser ce tsunami du passé me happer, me déborder, je vais couler, un poids lourd qui coule comme un plomb, et puis, parce que je suis faite comme ça, je remonterai ensuite à la surface, m'ébrouerai un peu, me secherai au coin d'un feu amoureusement préparé par mon très cher, et j'irai mieux. Comme toujours.
Après, j'irai mieux.